Les esprits de l’eau dans la mythologie exercent une profonde fascination sur moi, presque autant que leurs camarades de la forêt. En triant mon atelier avant les fêtes, je me suis rendu compte que j’avais créé une sacré collection d’aquarelles en rapport avec l’eau et les créatures fabuleuses qui y vivent.
Je t’emmène avec moi à la découverte des mythes et mystères aquatiques, certains que j’ai déjà illustrés, d’autres pas encore.
Cet article aura donc l’occasion d’évoluer au fil de mes inspirations.

Différents environnements pour les esprits de l’eau dans la mythologie
De par l’omniprésence de l’eau sur notre planète (en tout cas pour le moment), on trouve des esprits aquatiques dans la plupart des pays et cultures. Pour simplifier les choses, je vais me concentrer sur deux types de créatures : celles qui vivent dans l’eau douce et celles qui préfèrent la mer.
Les esprits de l’eau douce
Ondines et nixes
Dans la mythologie germanique, les ondines (aussi appelées nixes) sont des génies des eaux qui aiment les rivières, les ruisseaux et les fontaines. Elles ont généralement une apparence humaine, sont de bonne composition et passent le plus clair de leur temps à se baigner et à brosser leur opulente chevelure au bord de l’eau.
Attention néanmoins à ne pas froisser une ondine, sous peine de voir l’eau de la source ou de la fontaine se tarir. Elles aiment qu’on leur offre des bijoux, verrerie et autres objets brillants dans l’eau.
Ondine est également un nom propre, donné à une jeune femme transformée en esprit des eaux dans une légende alsacienne.
Les naïades
Le pendant grec des ondines. Les naïades sont des nymphes qui vivent également à proximité des cours d’eau douce. Selon l’environnement où l’on se trouve, elles portent des noms plus précis : les crénées aiment les fontaines, les potamides vivent dans les fleuves, les pégées s’épanouissent dans les sources, etc.
Là où les ondines aiment les cadeaux bling bling, les naïades préfèrent la rusticité des fleurs, du miel et du lait de chèvre.
Vodianoï
Changement d’ambiance puisqu’on part dans les pays slaves, connus pour leurs créatures étranges et pour la plupart malveillantes envers les humains. Vodianoï en est un bon exemple. Cet esprit de l’eau dans la mythologie slave aime fumer la pipe au bord des rivières et noyer les gens. Des plaisirs simples pour cet être à la peau verdâtre, doté de palmes et qui, sous forme humaine, laisse des flaques à ses pieds qu’importe l’endroit où il se trouve.
Les vodnyks (autre nom pour ces bestioles) apprécient le tabac et les pêcheurs veillent à en laisser sur les berges pour se prémunir contre leurs attaques.
La Roussalka
Le pendant féminin du vodianoï. Les roussalki sont des esprits aquatiques qui peuvent avoir plusieurs origines. Les jeunes filles noyées ou reniées par leurs parents peuvent devenir roussalka, par exemple.
Ces génies des eaux aiment s’en prendre aux gens par de viles méthodes comme les chatouiller à mort.
Elles détestent l’absinthe, redoutent le tonnerre et passent l’hiver au chaud dans leur palais sous l’eau.
Les roussalki peuvent être aussi bien magnifiques que laides, solitaires ou grégaires. Elles aiment danser et chanter. Elles ne possèdent pas de vêtements et apprécient qu’on leur en offre ; elles octroient alors des bénédictions en échange.
Le kappa
Direction les mythes et légendes du Japon avec un des yokai les plus célèbres là-bas : le kappa.
Cet esprit aquatique est décrit sous une multitude d’aspects différents, mais en général, il possède des membres palmés et le sommet de son crâne évoque une coupelle.
Le kappa est capable de rester des heures sous l’eau et de se rendre invisible aux humains. On l’accuse de toutes les farces possibles et on lui prête également un goût pour la chair humaine, le concombre et pour la vertu des femmes.
Les esprits de l’eau de mer
Les sirènes
Sans conteste les plus célèbres esprits de l’eau de la mythologie, les sirènes fascinent autant qu’elles terrifient.
On les décrit parfois comme des créatures au corps d’oiseau, armées de serres redoutables ou dotées de queues de poisson à partir de la taille. Dans tous les cas, leur passe-temps consiste à envoûter les marins pour les attirer dans leurs filets. Elles sont connues pour la beauté de leurs chants et leur voix irrésistible.
Les sirènes sont souvent associées à Aphrodite, déesse née de la mer, à la beauté inégalée.
Parfois, elles possèdent, comme Mélusine, un corps de serpent plutôt que de poisson.
Les néréides
Les néréides sont des nymphes marines qui forment l’escorte de Poséidon, le dieu grec des mers. Elles seraient les filles du dieu Nérée et de l’océanide Doris. On dénombre 50 néréides, dont Thétis, la maman du héros Achille. Elles chevauchent des créatures pour se déplacer, comme des hippocampes géants, des dauphins ou carrément des monstres marins.
Les selkies
En route pour l’Écosse des légendes (spéciale dédicace au roman de Nathalie Bagadey) et le mythe des selkies. Ces esprits des mers peuvent prendre la forme de jeunes filles – parfois de jeunes hommes – ou de phoques, dont elles revêtent la peau. La légende raconte que si quelqu’un vole sa peau à une selkie, celle-ci reste en son pouvoir tant qu’elle n’a pas remis la main dessus.
Umi-bôzu
Les umi-bôzu sont d’énormes yokai marins qui provoquent des naufrages. Leur plaisir dans l’existence consiste à obliger l’équipage des navires à leur offrir un tonneau. Le yokai le remplit d’eau et noie ses victimes dedans. Pour contourner ça, les marins japonais prévoient un tonneau sans fond à offrir à l’umi-bôzu.
Ils sont décrits comme des êtres gigantesques, vagues silhouettes humanoïdes d’un noir d’encre, avec deux grands yeux ronds.
Mami Wata
Déesse issue du panthéon africain, Mamiwata est représentée comme une sirène couverte de bijoux précieux. C’est un vodou lié à la mer, à la fécondité et à l’abondance, au culte très populaire chez les femmes. Ses prêtresses sont appelées Mamissi.
Des esprits de l’eau dans la mythologie, mais aussi dans la littérature
En ce moment, je lis les aventures de Lord Cochrane racontées par Gilberto Villaroel, dont le tome 1 s’intitule Cochrane vs Cthulhu. je ne pouvais décemment pas oublier dans ma liste les horribles profonds, peuple créé par l’auteur H P Lovecraft dans sa nouvelle Le cauchemar d’Innsmouth, qui les décrit ainsi :
« Ils étaient de couleur verdâtre et avaient le ventre blanc. Leur peau semblait luisante et lisse, mais leur échine se hérissait d’écailles. Leur corps vaguement anthropoïde se terminait par une tête de poisson aux yeux saillants toujours ouverts. Sur le côté de leur cou s’ouvraient des ouïes palpitantes et leurs longues pattes étaient palmées. Ils avançaient par bonds irréguliers, tantôt sur deux pattes, tantôt sur quatre… Leur voix coassante… avait toutes les nuances d’expression dont leur visage était dépourvu. »
Oui, on est très loin des sirènes, ondines et roussalki enchanteresses, mais les profonds appartiennent désormais à la culture populaire.
Dans l’eau, personne ne t’entendra crier
Nous voici au bout de ce tour des esprits de l’eau dans la mythologie. Je suis très loin de tous les connaître, il y a sûrement beaucoup d’autres légendes passionnantes sur ce thème. Si cet article t’a plu, tu aimeras peut-être partir à la découverte des esprits de la forêt en ma compagnie.
L’environnement aquatique m’inspire par son côté enchanteur et angoissant. Gamine, j’adorais nager, que ce soit à la piscine ou à la mer, en Bretagne. Un jour, j’ai failli être emportée par le courant sur mon matelas pneumatique et j’ai commencé à percevoir l’incroyable force de la mer.
Plus tard, pendant mes baignades, je suis devenue très attentive aux choses étranges qui frôlaient mes pieds, à la noirceur des profondeurs. J’aime toujours autant l’eau (je ne vais plus suffisamment me baigner dans la vie c’est triste), mais je l’observe avec prudence et je me méfie des esprits qui s’y tapissent !
Waouh trop stylé avoir inclus Lovecraft est une super idée !!
J’étais obligée, tu penses !