Ces derniers mois, j’ai commencé à peindre une collection de yōkai femmes à l’aquarelle. Ces esprits japonais font l’objet d’innombrables contes et légendes sur l’archipel.
Tu commences à me connaître, je m’intéresse particulièrement aux personnages féminins dans mon art. J’en ai peint 5 pour le moment :
- Le kitsune
- Aoandon
- Yuki Onna
- Momiji
- Jorōgumo
Je compte bien étoffer cette collection de yōkai féminins à l’aquarelle et je mettrai régulièrement cet article à jour.
C’est quoi un yōkai ?
Si tu ne connais pas du tout ce mot, ce n’est pas étonnant. Les yōkai appartiennent au folklore du Japon et ne sont pas très connus dans notre culture.
On pourrait les comparer à des fantômes, des esprits ou des démons. Ils se manifestent sous des formes variées, possèdent des pouvoirs plus ou moins dangereux et vivent dans toutes sortes d’environnement.
Les bakeneko par exemple sont des chats devenus des démons, soit à cause de l’âge ou par rancœur suite à des mauvais traitements.
Akaname se cache dans la salle de bains pour lécher la crasse laissée dans la pièce ;
Bakezori ressemble à une simple et inoffensive paire de sandales.
Chaque objet âgé de plus de cent ans peut receler un yōkai, mais d’autres endossent un aspect humanoïde, spectral ou démoniaque.
Et bien sûr, quelles créatures pourraient être plus fourbes, plus rancunières, plus retorses que les femmes ? On ne s’étonnera pas de leur nombre élevé dans les rangs des démons japonais.
Quelques exemples de yokai femmes
Le kitsune
Le kitsune est l’un des yōkai les plus célèbres, notamment par sa présence dans des anime et mangas populaires comme Naruto.
Il s’agit d’un esprit-renard doté de plusieurs queues. Plus il en possède, plus il est âgé, puissant… et dangereux. La plupart du temps, on lui prête la capacité de prendre forme féminine pour tromper son monde.
La magie des kitsune tourne autour du feu et de l’esprit. Métamorphes, les esprits-renards aiment semer le chaos et la confusion. Certains troubles mentaux étaient associés à la possession par un esprit-renard.
Heureusement, tous les kitsune ne sont pas maléfiques. Certains renards sont au service du kami Inari, un dieu renard protecteur et bienveillant.
La dame au renard blanc est probablement un de ceux-là.

J’ai peint cette aquarelle avec une inspiration art nouveau assez marquée dans les mouvements de la robe, l’allure gracieuse de la chevelure et les couleurs douces de la composition.
Tu peux voir le process de peinture de La dame au renard blanc en vidéo sur ma chaîne YouTube.
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Aoandon – lanterne bleue
La première fois que j’ai illustré Aoandon, c’était pour une anthologie sur les démons japonais, parue chez les éditions Luciférines
Le truc, c’est que c’était du noir et blanc, ce qui est un peu frustrant pour un démon au nom aussi évocateur de couleur.
Aoandon signifie lampion bleu ou lanterne bleue, en référence aux lanternes japonaises en papier. Naturellement, j’ai eu envie de la peindre dans des tons bleus pour ma collection d’aquarelles.
Ce yōkai femme a une apparence de Oni. Les Oni sont des êtres démoniaques et puissants. Ce terme désigne des ogres japonais, des êtres humanoïdes de grande taille, armés de griffes et de cornes.
Aoandon possède une peau bleue, des cheveux noirs et une paire de cornes sur la tête. Elle porte un kimono blanc et se manifeste quand est soufflée la dernière lanterne d’un jeu de société japonais.
Chaque participant raconte une histoire terrifiante et souffle une lanterne. Quand la centième lanterne est éteinte, le risque de voir apparaître Aoandon est à son paroxysme. Ce yōkai vient punir les joueurs d’avoir joué à évoquer les esprits.
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Yuki Onna – la femme des neiges
Yuki Onna est un yōkai féminin lié au froid et aux tempêtes de neige. On dit qu’elle apparait nue ou vêtue d’un simple kimono et qu’elle se nourrit de l’essence vitale des voyageurs égarés dans le froid, telle un vampire.
Ce yōkai m’a donné l’occasion de peindre un décor de givre et de neige grâce à la technique de la peinture en négatif, en préservant beaucoup de blanc du papier pour le paysage.
Et j’ai aussi beaucoup aimé travailler la dynamique du personnage qui semble sur le point de fondre sur sa proie.
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Momiji – Feuilles d’érables (vendue)
Aah, le charme de la danse et du kabuki ont guidé la peinture de Momiji. Ce Oni est un yōkai femme unique, dont le nom signifie Feuilles d’érables. Elle vit dans les montagnes de la préfecture de Nagano, envoûtant les voyageurs avec l’apparence d’une magnifique princesse. Sous cette forme, elle et ses dames d’atours prétendent aimer la danse et la fête.
Sous sa véritable forme, en revanche, elle ressemble à un démon cornu et échevelé. Momiji est si puissante qu’un dieu chargea un samouraï de la traquer et de la tuer.
Koremochi accepta la quête et partit dans les montagnes, cherchant un démon. Bien évidemment, à la place, il rencontra une douce et superbe princesse qui l’invita à boire et diner pendant le festival du momjigari, la chute des feuilles d’érables.
Sous le charme, le samouraï s’endormit et ne dut son salut qu’à un deus ex machina providentiel. Son dieu, le voyant en péril, lui signifia en rêve que la princesse n’était autre que Momiji et lui fila une lame magique pour la vaincre.
Le combat entre Momiji et Koremochi est visible en vidéo dans un court métrage muet datant de 1899.
Et tu peux voir le process de la peinture de Momiji en vidéo sur ma chaîne YouTube.
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Jorōgumo – l’araignée prostituée
Un nom particulier n’est-ce pas ? Les japonais ont le chic pour donner des noms au sens très littéral. Jorōgumo est un yōkai issu d’une araignée qui a atteint l’âge respectable de 400 ans. Elle se métamorphose alors en esprit mi-femme mi-araignée.
Jorōgumo se nourrit de proies humaines, la plupart masculines. Son charme lui facilite grandement la tâche car une fois sous son pouvoir, il est presque impossible de ne pas se jeter dans ses filets.
Pour cette aquarelle, je suis allée chercher du côté du shibari (l’art du BDSM) et je me suis inspirée de la toile de La tisserande, l’une des aquarelles de la collection Féerie automnale.
Je suis partie dans des tons beaucoup plus sombres, comme si Jorōgumo sortait des ténèbres. Ainsi ses pattes rouges et or, ainsi que les rubans dorés qui l’entourent ressortent encore mieux.
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Ohaguro-Bettari – un yokai femme au sourire ravageur
Ohaguro-Bettari signifie littéralement “dents noires” en japonais. On décrit cet esprit comme une femme vêtue d’un kimono de mariage traditionnel. Vue de dos, on la prendrait pour une jeune mariée inoffensive. Les hommes qui se laissent prendre au piège découvrent rapidement leur funeste erreur. Lorsqu’elle tourne la tête vers eux, Ohaguro-Bettari révèle un visage blafard, dépourvu de traits à l’exception d’une affreuse bouche béante aux dents noires qui provoque la terreur.
Les dents noires étaient aussi un style de maquillage très en vogue parmi les femmes japonaises et certains samouraï : l’ohaguro. Il consistait à appliquer une pâte faite de limaille de fer et de vinaigre sur les dents pour obtenir un sourire noir, signe de raffinement.
Comme Aoandon, j’ai illustré Ohaguro-Bettari pour l’anthologie Démons japonais.
Pourquoi je peins des yokai féminins en particulier ?
Si tu découvres mon travail, sache que je suis fascinée par les femmes dangereuses et vengeresses qui cachent bien leur jeu. Quand j’ai découvert les légendes sur les yokai, je me suis évidemment intéressée à ces histoires de pauvres hères trompés ou maudits par d’affreuses créatures féminines sans scrupules (lol). Si tu les apprécies aussi, tu aimeras peut-être les légendes autour des esprits de l’eau dans la mythologie.
Il existe bien entendu des centaines de yokai de toutes formes, mais ici, je ne m’intéresse qu’aux légendes autour des femmes. Par contre, si tu veux en savoir plus sur les démons japonais, je te conseille le blog yokai.com, en anglais. Il regorge de contes passionnants pour découvrir toutes les facettes de ces esprits.
Quant à la collection d’aquarelles sur les esprits japonais, elle est disponible de façon permanente dans la boutique en ligne. Tu y trouveras mes aquarelles originales, des tirages d’art de qualité musée ainsi qu’un assortiment de cartes postales issu de mes yokai femmes.
Laquelle choisiras-tu ?
Elles sont toutes magnifiques ! J’adore le côté sombre de l’araignée… mais aussi la splendeur de celle à la lanterne bleue ! Évidemment celle aux feuilles d’érables. Peut-être ma préférée… Bref je les aime toutes !
Aaah merci Valentine ! Moi aussi j’aime beaucoup Aoandon et ses lanternes, il va falloir que j’en parle un peu plus parce qu’elle mérite mieux que ce que j’ai fait jusqu’ici ^^
Magnifiques ces yōkai, mention spéciale à l’araignée prostituée, comme le samouraï de ton histoire, je suis sous le charme ^^ Un grand bravo !
Oh Capitaine, quel plaisir de te voir passer par ici ! Fais attention, Jorōgumo a tôt fait d’embarquer les aventuriers séduisants dans ses toiles ^^