Quitter les réseaux commerciaux quand on est artiste, c’est possible ?

Je me questionne depuis plusieurs années sur la place des réseaux commerciaux comme Instagram, Facebook ou Twitter dans ma vie quotidienne. Quel est leur impact sur ma créativité, mon bien-être et plus pragmatiquement, sur mes revenus artistiques ?

Est-on obligé d’être actif sur les réseaux commerciaux quand on veut vivre de son art ?

Je le crois de moins en moins.

L’envie de quitter les réseaux commerciaux me taraude depuis longtemps. Je m’en suis souvent éloignée, mais j’ai toujours trouvé des prétextes pour y retourner : la visibilité de mon travail, le lien avec les gens, comment vendre mon art sans en passer par là, etc.

En cette fin d’année, après de multiples expérimentations, je cherche toujours le bon équilibre dans mon usage des réseaux commerciaux.

Et si c’est ton cas également, mes réflexions t’aideront peut-être.

Quelques bougies blanches pour symboliser l'espace mental retrouvé quand on quitte les réseaux commerciaux

Pourquoi vouloir quitter les réseaux commerciaux ?

On ne s’en rend pas toujours compte quand on utilise les réseaux commerciaux à titre personnel, mais créer des contenus demande une énergie folle.

Des algorithmes toujours plus exigeants

Créer du contenu pour Instagram, par exemple, demande des heures et des heures de boulot.

  • Filmer mes peintures,
  • monter des vidéos en réfléchissant au rythme qui retiendra le plus l’attention,
  • écrire des légendes,
  • prendre de belles photos,
  • être régulière en story etc.

Et ça ce n’est que pour Instagram. La plupart des artistes sont présents sur plusieurs réseaux et multiplient les publications.

Le plus souvent, le retour sur investissement est lamentable. L’immense majorité des artistes est pratiquement invisible sur la plateforme.

Une obligation de régularité

Aujourd’hui, si tu veux avoir une chance d’être mis en avant par les algorithmes, il faut littéralement être présent chaque jour. Plus tu publies, plus on te voit (en théorie), moins tu publies, moins tu as de chance d’être vu.

On entre dans un cercle vicieux dont il est difficile de s’échapper :

Je ne suis pas visible → je dois créer plus de contenu → Je passe moins de temps à créer de l’art → je n’ai pas de résultats → je m’épuise → je publie moins → je ne suis pas visible…

J’en arrive parfois à oublier que créer du contenu n’est pas mon métier. Je fais passer les réseaux commerciaux avant mon entreprise et ça n’est pas normal.

Nous sommes nombreux à rêver de quitter les réseaux commerciaux pour ne plus subir cette souffrance.

Les problèmes posés par les réseaux commerciaux

La liste des problèmes causés par les réseaux sociaux est trop longue pour que je les aborde tous ici, alors je vais me concentrer sur les principaux.

Un impact sur notre santé mentale

Les réseaux commerciaux s’appuient sur les pics de dopamine provoqués par une fausse course au succès. Chaque like, chaque nouvel abonné, chaque commentaire, envoie une bouffée de plaisir.

À l’inverse, l’absence de réaction à nos publications nous plonge dans la tristesse, l’aigreur, l’incompréhension. Pourquoi personne ne m’aime ? Est-ce que mon travail est nul ?

C’est la magie de l’algorithme qui décide quels contenus valent la peine d’être proposés au grand public. Tu peux créer autant que tu veux, tu n’as aucun contrôle sur les résultats.

L’addiction

La peur de manquer des infos importantes nous pousse à dégainer nos portables à tout bout de champs. Le besoin de donner notre avis nous amène à commenter tout ce qu’on lit.

Je fais partie des gens qui sont vite accro. Accro aux contenus, surtout. Je peux passer des heures à scroller pour rien, par ennui, par facilité.

J’étais accro aux jeux vidéos il y a quelques années et le seul moyen de guérir a été d’arrêter complètement. Je n’ai plus touché à un jeu vidéo depuis 10 ans.

Pourquoi est-ce si difficile de quitter complètement les réseaux commerciaux ? Parce que j’ai peur de mettre mon entreprise en danger si j’arrête de publier dessus.

L’érosion de la concentration

Lire un livre est devenu une épreuve d’endurance pour moi. Par contre, enchaîner les reels sur Instagram, ça passe crème. Écouter les conversations autour de moi devient compliqué tant la tentation de regarder ce qui se passe en ligne est grande.

Tout devient contenu

Tout ce que je dessine devient un contenu potentiel pour les réseaux commerciaux. Tout est prétexte à publier un post, une story. On publie des pages de nos journaux intimes, des pans de vie qui devraient rester privés.

De ce côté-là, j’arrive à garder une frontière assez nette. Je ne publie que des contenus liés à mon art, à mon activité d’artiste. Mais parfois, je me surprends à dessiner parce que je n’ai rien publié depuis plusieurs jours et je me sens coupable.

L’utilisation sans vergogne de nos données personnelles par les réseaux commerciaux

Si c’est gratuit, c’est toi le produit. Cette phrase explique pourquoi soudainement Meta propose des abonnements payants pour supprimer la publicité.

Les réseaux commerciaux propriétaires comme X, Facebook, Instagram et maintenant Threads, se nourrissent de publicité. Pour obtenir des annonces et donc des revenus, ils ont besoin de ciblage. C’est comme ça qu’ils t’inondent de publicité qui tombent à pic pour toi. Parce qu’ils collectent toutes sortes d’informations sur toi, tes goûts, ton mode de vie, les sujets que tu aimes, les pages que tu consultes, ton état de santé.

Le pire c’est que nous leur donnons tout ça avec le sourire. Parce qu’après tout, c’est pas bien grave.

Les dégâts sur notre vie sociale

Aujourd’hui, presque tout le monde vit avec un smartphone à la main. Combien de fois suis-je en train de faire deux choses à la fois : discuter et consulter mes réseaux ?

On a l’impression de pouvoir tout gérer, mais c’est faux. Le plus souvent, ce qu’on laisse de côté, ce sont nos amis et nos proches.

Une fois qu’on a constaté tout ça, que faire ?

Quelles alternatives aux réseaux commerciaux

Quitter les réseaux commerciaux - Un visuel qui dit : T'as pas Insta ? Nan mais, allo !

“T’as un Insta ?”

C’est l’une des questions qui m’a empêchée de supprimer mon compte sur cette plateforme. À chaque convention, les gens me réclament mon Instagram comme une carte de visite. Avec le recul, je n’ai vu que très peu de gens interagir sur mon Instagram après ces événements.

Aussitôt abonné, aussitôt oublié.

À titre personnel, j’ai opté pour d’autres façons de communiquer autour de mon art pour m’éloigner des réseaux commerciaux. Et pour t’éviter de devoir les utiliser pour accéder à mes contenus.

Mon blog pour un lien plus profond

J’ai toujours aimé bloguer. Je suis naturellement plus attirée par l’écrit que les images et les vidéos. Même pour mon art, j’aime écrire des articles décrivant d’où viennent mes idées, les étapes que j’ai suivies. Ça permet aux visiteurs de comprendre ma démarche et de découvrir les secrets derrière mes aquarelles.

J’aime aussi parler de mon métier et de réflexions qui m’animent, comme celle-ci.

Bloguer me permet aussi de toucher les gens qui n’ont pas de comptes sur les réseaux. Je trouve courtois de laisser les infos à disposition à un endroit public plutôt que derrière le mur de cookies des réseaux. Tu n’as pas Instagram ? Pas de problème, tout est sur mon site.

Ma newsletter

C’est mon deuxième canal préféré. J’aime donner des nouvelles d’une création, partager un événement lié à l’atelier, chouchouter mes clients via des emails.

Pas d’algorithme non plus ici. Tu reçois les infos directement et tu les lis quand tu as le temps.

 

 

Le Fediverse

Depuis un an, j’ai rejoint le Fediverse en créant un compte sur Piaille.fr, une instance Mastodon de micro blogging.

Les principaux avantages :

  • Pas de publicité (les instances peuvent demander des dons pour leur fonctionnement)
  • Pas de collecte de mes données ni de mon âme au passage
  • Pas d’algorithme de suggestion de contenu
  • La possibilité de migrer mon compte en cas de besoin sur d’autres instances du Fediverse.

L’absence d’algorithme de découverte de contenu présente un intérêt énorme pour les créateurs :

Peu importe si tu publies 15 fois par jour ou 1 fois par semaine, ta visibilité reste la même. Tu seras vu de tes abonnés et sur les hashtags que tu utilises. Pas de stress, pas de pression pour publier encore et encore.

Les gens se fichent pas mal de ton nombre d’abonnés. Il n’y a pas de star système sur le Fediverse, ni d’influenceurs. Si tu parles aux gens, tu créeras une dynamique. Si tu postes et que tu pars en espérant devenir viral, personne ne se souciera de toi.

C’est d’ailleurs pour ça que beaucoup de gens prétendent que le Fediverse, “ça marche pas”.

Nourris aux illusions de succès promis par les réseaux commerciaux, ils ne comprennent pas un monde où la viralité n’est pas un objectif.

Vais-je quitter les réseaux commerciaux ?

Probablement d’ici fin 2024, le temps de préparer le terrain.

J’ai déjà supprimé mon compte Twitter-X en 2023, il reste mes comptes sur Meta. Je n’ai tenu que 3 jours sur Threads, le nouveau Twitter avant de le supprimer. Je crois que je commence à me défaire naturellement de leur emprise.

Ce qui est certain, c’est que dans les mois à venir, je vais limiter ma présence sur Instagram au strict minimum: quelques stories, un live de temps en temps et des posts uniquement si j’ai des trucs à dire.

La majorité des infos sera ici, facilement accessible aux personnes qui veulent vraiment les voir.

Et si tu fais partie de ces personnes, tu peux également nous rejoindre sur Patreon. Là-bas ,tu trouveras quelques contenus exclusifs pour mes mécènes. Avant-premières, vidéos sketchbook tour, courrier personnalisé, il y en a pour tous les goûts.

Marie-Gaëlle

Marie-Gaëlle

Artiste indépendante - Illustratrice

Illustratrice de L'Oracle des Gardiennes sacrées aux Editions Eyrolles.

Créatrice d'univers féeriques, féminins et délicieusement érotiques à l'aquarelle.

Rejoins ma newsletter pour avoir accès aux coulisses les plus croustillantes de mon atelier d'art.

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6 Commentaires

  1. Nathalie Bagadey

    Je trouve cet article passionnant. Tu as bien noté tous les travers des réseaux sociaux, notamment, et j’adhère à 100% avec la majorité de ce que tu ressens.

    En revanche, pour moi, ce sont des plateformes utiles et riches en échanges. Et, moi, elles m’ont amené du monde (notamment pour mon Summer camp).

    Je pense que la solution passe par la délégation des POSTS (en conservant la partie ÉCHANGES/RÉPONSES AUX COMMENTAIRES pour soi-même) : un calendrier éditorial et des messages préparés par une personne qui fait ça plus vite et mieux que toi. Bien sûr, il faut une personne qui comprenne ton art et ta ligne éditoriale.
    Et, bien sûr, cela implique un coût.

    Mais je suis de plus en plus convaincue que c’est la solution.
    Pour ma part, je crois que je vais tester cela en 2024.

    Réponse
    • Aemarielle

      Ce sera intéressant d’avoir ton retour sur cette expérience de délégation, Nathalie. C’est une bonne idée, mais il faut vraiment trouver la bonne personne.
      La question des échanges aussi est intéressante. Oui, il y a des échanges, des réponses aux commentaires. Par contre bien plus rarement des actions en dehors de la plateforme.
      Mais nous aurons l’occasion d’en rediscuter très vite 😉

      Réponse
  2. karnotus

    Bonjour. Juste pour vous dire / écrire que j’ai trouvé votre article intéressant. Cordialement.

    Réponse
    • Aemarielle

      Merci d’avoir pris le temps de m’écrire ce message, Karnotus. C’est motivant de savoir que l’article a été apprécié.
      À bientôt.
      Marie-Gaëlle

      Réponse
  3. Annabelle (alias Nunu)

    Merci pour ce partage. Vos réflexions font échos à des questions que je me pose aussi régulièrement. J’aime beaucoup instagram, mais comme vous je ne suis pas à l’aise avec les vidéos, et je déteste le principe de l’algorithme qui impose de privilégier la quantité à la qualité. Votre choix de retourner à des formats plus durables, et moins soumis à ces exigences est inspirant. J’ai envie aussi de privilégier le format blog dans lequel je m’amuse beaucoup plus.
    J’espère en tous cas que ça va fonctionner pour vous, et je suivrai l’évolution avec attention ! 😉

    Belle soirée,
    Nunu

    Réponse
    • Aemarielle

      Hello Nunu et merci pour ce commentaire ! C’est hyper important de trouver le média qui nous parle le plus pour partager son travail, ses créations, sans se sentir prisonnière des algorithmes des réseaux commerciaux. Je suis persuadée que les blogs ont un bel avenir dans un monde saturé de vidéos alors allons-y ! Bonne semaine et à bientôt !
      Marie-Gaëlle

      Réponse

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