Artiste multicasquette | Mon quotidien

Être artiste multicasquette est un phénomène courant.. Rares sont les esprits créatifs qui se limitent à une seule discipline, une seule technique. En général, nos cerveaux fourmillent d’idées et d’envies que nous n’avons jamais le temps d’explorer.

Je mets à profit le fait de travailler chez moi et d’être libérée de mes projets d’oracles et tarots pour réfléchir en profondeur à mon identité d’artiste.

Quelle direction ai-je envie de donner à mon activité artistique et quelles facettes puis-je désormais inclure dans ma pratique ?

En ce qui me concerne, c’est clair : 

  • Me concentrer sur la création et la vente de mes aquarelles de fantasy ;
  • Explorer l’écrivaine de fiction en moi.

Si toi aussi tu jongles avec plusieurs activités créatives, cet article te parlera peut-être.

La difficulté d’être une artiste multicasquette

C’est déjà compliqué de se consacrer à une seule activité et d’y progresser régulièrement. Alors quand en plus notre créativité bouillonne d’envies et d’idées, on se sent vite débordés au point de ne plus rien faire du tout.

Moi par exemple, je voudrais pouvoir peindre des chefs-d’œuvre tout en écrivant des histoires qui font rêver des centaines de lecteurs. 

J’ai très vite constaté la difficulté de canaliser mon imagination et mes ressources pour alimenter deux activités très différentes.

L’énergie nécessaire pour entrer dans le flux créatif

L’un des éléments à prendre en compte, c’est l’énergie nécessaire pour vaincre l’inertie et se plonger dans une séance créative

  • Pour certains, il suffit de s’asseoir au bureau et de commencer à travailler. (Typiquement, c’est moi quand je commence à réfléchir à ma prochaine peinture.)
  • Pour d’autres, il faut 5, 10, 15 minutes pour lancer la machine et réussir à se concentrer sur sa séance. (Là, c’est moi quand je me prépare à écrire.)

Cette inertie fait peur et donne l’impression d’une montagne à gravir. Alors si on doit la vivre à chacune de nos activités, on peut vite lâcher l’affaire et se dire qu’on n’est pas fait pour ça. 

Le temps disponible pour nos différentes activités

D’abord, nos journées ne durent que 24 heures. Et sur ces 24 heures, il faut tenir compte de contraintes personnelles et professionnelles différentes pour chacun

  • Ta vie professionnelle : Si tu as un emploi à temps plein, le temps libre pour tes créations se réduit et tu dois encore le partager entre tes différentes casquettes.
  • Ta vie de famille (si tu as des enfants, tu réduis encore ton temps disponible)
  • Tes engagements personnels (bénévolat, rendez-vous, imprévus).

On a vite tendance à se flageller de ne pas avancer sur nos projets, d’être paresseux, alors que notre vie est une course perpétuelle. Donc non ! Observe objectivement tes journées et félicite-toi pour le moindre créneau créatif que tu as réussi à y caser.

Des exemples d’artistes aux multiples casquettes

Pour te réconforter, sache qu’il existe des personnes qui réussissent à aménager leur emploi du temps de ministre tout en étant artiste multicasquette..

  • Léa Muna a un emploi le jour, des enfants, une maison à rénover et elle parvient à écrire des romans de fantasy tout en pratiquant le chant et en créant son métier d’illustratrice à côté.
  • Marie Tétart aussi a une vie de famille intense, un métier prenant (elle est experte en SEO et rédactrice web) et à côté de ça, elle écrit des romans de fantasy tout en écrivant pour son blog culturel sur l’antiquité.
  • Nathalie Bagadey jongle avec sa casquette d’accompagnatrice d’auteurs dans le lancement de leurs livres, sa famille et l’écriture de ses romans. Elle s’offre même le luxe d’organiser depuis 2022 le salon du livre Les Optimales de Livron.

Pas de comparaison toxique

Il ne s’agit pas de se comparer à ces personnes en se reprochant de ne pas réussir à les imiter. Il s’agit plutôt de modifier sa perception : C’est difficile, mais c’est possible. Il existe des moyens de conjuguer un rythme de vie intense tout en y incluant des moments rien que pour soi. Des moments précieux à chérir comme des trésors car ils nous permettent de créer du beau.

Personnellement, j’ai longtemps culpabilisé de laisser Le cycle du dieu noir de côté, de ne pas essayer de tout faire rentrer dans mon emploi du temps. Après tout, je n’ai pas d’enfants, mes journées ne sont pas aussi chargées que celles de ces artistes, alors pourquoi je n’y arrive pas ?

Aujourd’hui, j’ai compris quelques petites choses sur la question et j’espère que ça t’aidera toi aussi.

Comment réussir à organiser son quotidien d’artiste multicasquette ?

Tout réside dans l’art de se faciliter la vie et de prendre plaisir à ce qu’on fait.

Accepter de ne pas pouvoir tout placer au même rang d’importance

Une de mes erreurs était de donner la même importance à mes deux activités. Ce faisant, je m’infligeais une charge mentale monstrueuse.

Quand je me suis lancée comme artiste indépendante, j’ai accepté que désormais, la peinture et le dessin seraient mes sources de revenus principales. Il y a désormais un enjeu très lourd à chaque fois que je m’empare d’un pinceau. Vais-je trouver des clients pour mon travail ?

Je m’imposais la même pression vis-à-vis de l’écriture. Je devais créer le meilleur texte possible pour qu’il séduise un éditeur. 

Tout ce que je créais devenait une potentielle source de revenus que je prenais très (trop) au sérieux.

Et autant je prends toujours un immense plaisir à peindre, même dans ce cadre professionnel, autant je commençais à détester écrire

Normal. Je n’avais plus de hobby. Je mettais un enjeu sur toutes mes activités créatives.

Quand j’ai commencé à travailler sur L’Oracle des Gardiennes Sacrées, j’ai éprouvé un immense soulagement. Je n’avais plus de place pour l’écriture.

J’avais une excuse parfaite pour ne plus m’occuper de ce texte qui ne me procurait plus aucun amusement.

Aujourd’hui, j’ai simplement révisé mes priorités : 

  • L’aquarelle passera toujours en premier car c’est ma source de revenus et je ne peux pas la traiter comme un hobby.
  • L’écriture de fiction est désormais un loisir que je ne cherche pas à monétiser. Cela ne m’empêche pas de la traiter avec soin, mais elle ne passera jamais avant la peinture.

Ce choix me permet de remettre le plaisir en avant dans mon écriture. Je peux y raconter ce qui me plaît, sans pression de plaire à une maison d’édition. Je peux y ajouter des scènes ou des illustrations érotiques quand j’en ai envie, sans me soucier de l’aspect commercial et marketing de l’histoire.

Faciliter le passage à l’action dans ses activités créatives

Un espace de travail pratique

Pour éviter de tergiverser au moment de m’y mettre, je garde mes affaires à portée de main:

  • Mes peintures, papiers et pinceaux sur une desserte à côté de mon bureau 
  • Mon ordinateur sur la table du salon, là où je préfère m’installer le matin et le soir pour écrire.

Le minimum d’outils possibles

Aujourd’hui, je travaille avec un simple traitement de texte pour éviter les distractions. Je garde mon espace Notion pour mon blog et ma newsletter, mais je n’y intègre pas (encore) l’écriture. 

Ainsi j’évite de passer plus de temps à installer mon espace de travail qu’à écrire

C’était déjà un souci avec Scrivener à l’époque, que j’ai laissé tomber. 

Si j’ai des idées à noter, je le fais dans un carnet papier, comme mon bullet journal.

Limiter les distractions

Quelque chose que je faisais beaucoup quand j’ai commencé à écrire, c’était en parler. J’avais rejoint des communautés d’écrivains sur les réseaux sociaux, nous échangions des conseils, des techniques d’écriture

Je partageais mes textes sur des plateformes d’écriture comme Wattpad et répondais aux commentaires de mes lecteurices. 

Le problème, c’est qu’au bout d’un moment, je parlais beaucoup d’écriture, mais j’écrivais de moins en moins

Je donnais mon temps aux réseaux sociaux au lieu de le consacrer à avancer sur mes projets.

Attention, chercher du soutien dans sa pratique artistique, c’est génial. Mais les réseaux sont conçus pour nous happer et nous garder sur leurs plateformes. Même quand on croit contrôler notre temps passé dessus, on se fait avoir.

Désormais, je vais sur les réseaux sociaux quand j’ai terminé ce que j’ai prévu, que ce soit côté peinture ou écriture. Le travail d’abord, le papotage ensuite.

Ne pas essayer de pratiquer toutes ses activités artistiques tous les jours

Les gourous de la productivité préconisent souvent de pratiquer nos activités quotidiennement : écrire, dessiner, faire du sport, lire, tenir un journal, méditer etc. 

D’après eux, c’est en étant discipliné et régulier qu’on construit des habitudes sur la durée. Je suis en partie d’accord. 

Avec l’expérience, j’ai appris qu’on peut être artiste multicasquette sans se forcer à pratiquer toutes ses disciplines artistiques quotidiennement

Je n’écris pas Le cycle du dieu noir tous les jours. Je ne peins même pas chaque jour (j’y reviendrai dans ma journée de travail type) et pourtant j’avance. Mon emploi du temps est conçu pour accueillir toutes mes activités, chacune à leur tour. 

Choisir ne veut pas dire renoncer, mais organiser.

Comment j’organise mon emploi du temps autour de mes différentes casquettes  

Ma journée d’artiste idéale (et imparfaite)

Mes abonnés et clients me demandent souvent comment se passe une journée type dans mon quotidien d’artiste

J’ai conçu mes journées en blocs de temps qui s’intègrent dans une routine hebdomadaire, elle-même imbriquée dans un plan d’action mensuel, lui-même… Enfin tu comprends l’idée.

J’ai une idée globale de ce que je dois faire chaque trimestre pour mon activité professionnelle :

  • Peindre une collection 
  • Préparer la vente de la collection 
  • Vendre la collection
  • Communiquer en dehors des collections
  • M’occuper de l’administratif et la logistique

Et pour mon bien être personnel

  • Ecrire ma série, 
  • Lire des romans
  • Marcher
  • Aller au ciné
  • Faire du jeu de rôle

À partir de cette base, je liste toutes les actions que je dois intégrer dans mon planning mensuel, puis hebdo et quotidien. Et je construis mes journées de travail en fonction de ça.

Quand je suis en phase de création artistique

C’est le moment où je conçois mes collections d’aquarelles. 

Selon le nombre de pièces, elle peut durer un mois ou plus. La collection Féerie automnale par exemple, avait demandé pas loin de 2 mois de conception.

Une fée chevauche une martre qui grimpe le long d'une branche de chêne.
Ronde de nuit, une des 5 aquarelles de la collection Féerie automnale

Dans ces moments-là, je vais limiter l’écriture de fiction pour économiser mon énergie. Être artiste multicasquette ne signifie pas ajouter une montagne de travail à sa to do list.

Le matin : 

C’est le moment où je suis le plus énergique. Je suis une lève-tôt, je peux abattre beaucoup de travail dès que je pose un pied hors du lit. 

Généralement, je commence par la rédaction d’articles de blog pendant mon petit déjeuner. C’est un moment de calme où je peux écrire sans être interrompue.

Ensuite, je vais me doucher, me préparer et j’attaque la deuxième partie de la matinée avec du dessin ou de la peinture pour ma collection en cours.

Je sépare ma journée en deux grâce au déjeuner et surtout à la sieste. Ne me demande pas d’y renoncer, elle fait partie de mes indispensables pour être efficace. Je ne fixe jamais aucun appel ni rendez-vous entre midi et deux et je DÉTESTE qu’on interrompe ma sieste XD.

L’après-midi : 

Je suis moins en forme l’après-midi donc je m’occupe de mes réseaux sociaux, écris des emails, ou monte mes prochaines vidéos pour YouTube ou Patreon. 

Ensuite, je vais marcher pour me remettre les idées en place. 

Je profite souvent d’un regain d’énergie en fin de journée pour travailler quelques minutes sur Le cycle du dieu noir.

Le soir : 

C’est le moment où je lis quelques chapitres d’un roman ou remplis mon journal pour me vider la tête. Ensuite, on profite d’une soirée calme avec Monsieur, ou on sort au cinéma.

Quand je suis en phase de pré lancement de collection

Dans ces périodes, je relègue la peinture au second plan et je m’attelle à des tâches différentes : 

Le matin : 
  • Rédaction de fiches descriptives pour t’expliquer tout ce que tu dois savoir sur ma collection
  • Rédaction de la page de la collection
  • Préparation de mon plan pour mettre en avant la collection
  • Tournage et montage de vidéos.
L’après-midi:
  • Je réfléchis déjà à la prochaine collection dans mon sketchbook.
  • J’écris Le cycle du dieu noir pour me détendre.
  • Je sors marcher.

Il y a donc des moments dans mon planning où l’aquarelle n’est pas ma priorité numéro 1, tout simplement parce qu’étant seule, je dois fractionner mon temps entre création et vente de mes créations. C’est normal et je ne culpabilise pas de ne pas pratiquer mon art tous les jours

On peut organiser sa vie créative par période, en toute sérénité.

Mes outils de travail d’artiste multicasquette

Je dessine et peins avec des outils traditionnels : pinceaux, peintures, papier, crayons

Pour me faciliter la vie, je garde tout à portée de main dans un petit meuble à côté de mon bureau.

Inconvénients : 

  • ça prend de la place
  • Je ne dispose pas de la fonction CTRL+Z pour corriger mes erreurs

Avantages : 

  • Je peux travailler loin de l’écran et donc des distractions.
  • Je ne procrastine pas à la recherche du dernier logiciel ou lot de pinceaux numériques.

Pour l’écriture, je cherche de plus en plus le même minimalisme : 

C’est tout. Pour être efficace dans mes disciplines artistiques et créatives, je limite désormais le nombre d’outils au minimum vital. On a trop tendance à céder au syndrome de l’objet brillant (moi la première) et à multiplier le matériel, les logiciels trop cool.

Par exemple, récemment, je réfléchissais à installer Obsidian pour gérer mon univers de fantasy. Finalement, j’ai renoncé parce que j’aurais passé des jours à tout bien installer, à créer plein de dossiers… Au lieu d’écrire mon histoire

Une bibliographie pour t’aider à y voir plus clair

Tu cherches des livres pour t’aider à organiser ta vie créative sereinement ? Voici quelques lectures qui pourraient te donner des pistes : 

  • La guerre de l’art (The Art of War) – Steven Pressfield
  • Comme par Magie (Big Magic) – Elizabeth Gilbert
  • Slow Productivity – Cal Newport (En anglais uniquement)

Avec le temps, j’ai appris à accepter qu’aucun cadre de travail, aussi précis soit-il, ne résiste aux imprévus. Dès lors, j’accepte que l’écriture passe parfois à la trappe et je ne culpabilise plus quand ça arrive. Je me contente de faire de mon mieux pour organiser ma vie d’artiste multicasquette sans m’ajouter de la charge mentale inutile

J’espère que cet article sur ma façon d’organiser mon quotidien d’artiste autour de mes créations t’a aidé.e. Si tu as besoin que je développe certaines parties, indique-le moi en commentaire.

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Marie-Gaëlle

Marie-Gaëlle

Artiste indépendante - Illustratrice

  • L'Oracle des Gardiennes sacrées aux Editions Eyrolles - 2022
  • Le tarot de l'Éternel Féminin : Chemins de l'âme aux Editions Eyrolles- 2024

Créatrice d'univers féeriques, féminins et délicieusement érotiques à l'aquarelle.

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2 Commentaires

  1. Saïd

    Bonjour. Je comprends la difficulté que l’on peut avoir à créer lorsqu’on est tenté par plusieurs disciplines artistiques à la fois. Ce qui m’a aidé à écrire davantage, c’est un ensemble de « contraintes » avec lesquelles j’ai accepté de jouer sur le long terme. Le rapport avec le lectorat (le fait d’autopublier beaucoup) a joué aussi. Par contre je suis sceptique par rapport aux cours d’écriture en ligne payants. Je te souhaite une bonne continuation !

    Réponse
    • Aemarielle

      Merci de ton message Saïd, et de ton retour d’expérience. Oui l’auto publication te pousse à écrire régulièrement pour rester en lien avec ton lectorat, je suppose. Je comprends ton scepticisme sur les cours d’écriture en ligne, même si celui dont je parle a débloqué beaucoup de choses pour moi, j’imagine que ça n’aura pas le même bénéfice pour tout le monde. Très bonne continuation également !

      Réponse

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