Les illustrations érotiques, mon plaisir (pas du tout) coupable

J’adore peindre des illustrations érotiques.

Des aquarelles sexy, douces et sensuelles, où la tendresse est mise au premier plan.

Mes thèmes préférés sont les couples de la mythologie, mais j’aime aussi dessiner des scènes de plaisir solitaire, des couples anonymes ou des orgies voluptueuses.

Dessiner l’amour et l’intimité sont mes “plaisirs coupables” auxquels je m’adonne avec amusement. Mieux vaut ça que l’alcool ou la drogue, pas vrai ?

Illustration érotique douce sous forme de croquis aux crayons de couleurs rose et bleu montrant deux jeunes femmes enlacées sur un tronc d'arbre

Comment j’en suis venue à peindre des illustrations érotiques

C’est vrai ça, quel rapport entre les aquarelles fantasy et l’érotisme ? 

C’est la faute de Zeus ! 

Tout part de ma fascination pour la mythologie grecque. Je me souviens du tout premier livre que j’ai lu, gamine, sur le sujet. Le grand livre de la mythologie grecque et romaine, une bible contenant des centaines de mythes et légendes dont la plupart n’étaient pas du tout adaptées à mon âge, quand j’y pense.

L’un des thèmes récurrents de ce livre, évidemment, c’étaient les amours de Zeus, d’Apollon ou encore d’Aphrodite. Globalement la vie sexuelle de la plupart des divinités de l’Olympe avec des héros, des princesses magnifiques ou des nymphes.

Le mot qui revenait souvent dans le livre, c’était “interdit”. Suivi de “contrariées”

Amours adultères, incestes, enlèvements, harcèlement, on peut dire que la mythologie grecque est haute en couleurs.

Et moi, loin de comprendre les tenants et aboutissants souvent horribles de ces mythes, j’y percevais une certaine magie. Des hommes étaient capables de rassembler une armée pour aller récupérer la princesse enlevée et assiéger une cité pendant 10 ans. 

Le dieu des morts tombant éperdument amoureux d’une belle jeune fille et l’emmenant dans son palais dans les Enfers. 

Aphrodite trompant son mari avec le dieu de la guerre lui-même.

Un fragment d'illustration érotique montrant Aphrodite, déesse de l'amour, en plein câlin avec Arès, le dieu de la guerre.

Tu voudrais voir cette aquarelle en entier ? Pense à t’inscrire en bas de l’article !

 

Zeus capable de séduire toutes les femmes de la terre sous forme animale. Qui peut inventer de telles histoires ?

Un vivier inépuisable d’illustrations érotiques en devenir, même si je ne percevais évidemment pas ça à l’époque.

J’étais juste fascinée et je le suis encore aujourd’hui.

Avoue, toi aussi…

C’est aussi la faute à Luis Royo ! 

Si adolescente, je gribouillais des scènes pimentées dans mon carnet en prenant bien garde que personne ne me voie faire, j’ignorais totalement que le marché de l’art érotique existait.

Ce n’était pas exactement le genre de sujet dont on discutait à la maison…

C’est en commençant à pratiquer le jeu de rôle que je me suis intéressée à l’illustration. Je découvrais des artistes incroyables dont les œuvres embellissaient les livres de règles. Et en me promenant à la recherche d’artbooks, je suis tombée sur Luis Royo.

Prohibited aura été mon premier artbook à contenir des œuvres explicites. Très explicites.

Couverture de Prohibited, un artbook d'illustrations érotiques et fantastiques par Luis Royo

On aime ou on n’aime pas l’univers de Royo. Il est sombre, moite, empli de créatures difformes et de femmes magnifiques. 

Mais alors ce trait ! 

Ensuite est arrivée Orpheelin avec son roman graphique Eros et Thanatos, qui a achevé de me convaincre que si, si, c’était super cool de peindre des illustrations érotiques !

Curieusement, j’étais moins mal à l’aise devant des images crues que je l’avais été en lisant certains romans “olé olé”.

Le problème avec le monde de l’art érotique

J’ai grandi dans les années 80, autant dire que la nudité et les scènes de sexe étaient très présentes dans l’univers audiovisuel. 

Mais je trouvais bien plus émoustillant de farfouiller dans la bibliothèque de ma maman…

Adolescente, je lisais en cachette des romans de Régine Deforges, comme La révolte des nonnes où il y avait quantité de scènes affriolantes. Et d’autres… plus pénibles à lire, dirons-nous. Quelque chose me mettait mal à l’aise dedans.

Pas beaucoup d’amour là-dedans

De la soumission, de l’obsession, du désir, ça oui, il y en avait. Mais de l’amour ?

Peut-être que je commençais à cultiver mon regard critique à l’époque. J’ai essayé de lire Histoire d’O de Pauline Réage, mais j’ai abandonné et n’ai pas tenté plus tard. 

Avec le recul, les scènes qui me dérangeaient n’avaient rien d’érotique. En réalité, c’était de la violence sexuelle

Plus tard, j’ai découvert Les infortunes de la Belle au bois dormant, d’Anne Rice, et Régine est allée se rhabiller parce que ce qu’elle écrivait, c’était du pipi de chat à côté de la Reine du vampirisme et des sorcières !

Si j’ai lu la trilogie et apprécié la plume d’Anne Rice, je dois dire que certaines scènes étaient vraiment très très épicées ^^.

D’ailleurs, je n’ai jamais relu ces livres depuis.

L’omniprésence de la culture du viol 

La toute première scène, qui décrit l’arrivée du prince charmant au palais de la Belle au bois dormant, se voulait transgressive. En réalité, elle se résumait à un viol. 

Un viol que j’avais découvert tranquillement exposé dans les pages d’un magazine féminin, parce qu’à l’époque, on ne se posait pas trop de question sur le sujet de la culture du viol. D’ailleurs, j’ai acheté les livres après avoir lu l’extrait, c’est donc que je n’avais pas spécialement vu le problème.

Aujourd’hui, je suis plus attentive à ça, même si je reste attachée aux œuvres que j’ai lues.

Même si j’aime bien Game of Thrones (Le trône de Fer), de G.R.R Martin, je suis mitigée devant le flot de scènes de sexe qui se résument à des agressions ou des humiliations.

Un peu de tendresse, enfin ! Le monde réel est déjà suffisamment dur sans qu’on en rajoute dans la fiction.

C’est ce qui me pousse à peindre des illustrations érotiques où l’amour est palpable. Et à m’éloigner de la simple pornographie.

Peindre l’amour plus que le sexe 

J’ai tendance à peindre des aquarelles douces et apaisantes. J’ai créé un univers où l’on se sent bien, en sécurité.

C’est pareil dans mes illustrations sexy. 

J’ai beaucoup de mal à dessiner des scènes violentes. Je peux en écrire, c’est certain. (Oui, avant de me lancer dans l’aquarelle, je voulais devenir autrice de fantasy, figure-toi.) 

Les peindre, c’est beaucoup plus difficile pour moi.

J’ai un rapport beaucoup plus personnel avec le dessin qu’avec les mots. Quand je lis une scène crue ou très violente, mon cerveau cherche des échappatoires, il survole la scène pour se protéger. Parfois je reviens en arrière pour la lire plus attentivement. Parfois non. 

Quand je dessine, je ne peux pas m’échapper. Je suis plongée dans l’histoire que me racontent mes personnages, pas moyen d’esquiver.

Autant que ces histoires soient plaisantes, pas vrai ?

Je peins de l’amour, de la complicité, de l’intimité.

Cela ne m’interdit pas de peindre des activités plus borderline, tant qu’on ne me demande pas de représenter la violence sur un.e partenaire non consentant.e.

Pourquoi j’ai arrêté de peindre des aquarelles érotiques pendant longtemps 

Quand je peins une illustration érotique, j’oublie tout autour de moi. Je suis concentrée sur les personnages, leur relation, leur histoire et l’instant qu’ils s’apprêtent à vivre.

Mais malgré le plaisir que je prends à peindre des couples amoureux, j’ai traversé une longue phase d’abstinence.

Je n’avais plus d’idées, je me sentais mal à l’aise avec le sujet. 

Après quelques réflexions sur la question, j’ai compris que mon blocage venait de deux questions :

Comment éviter la censure des réseaux sociaux ? 

Sur Instagram, Facebook ou YouTube, je ne peux pas prédire la réaction de la plateforme si je publie des illustrations érotiques. Passeront-elles la censure ou seront-elles supprimées, et mon compte avec ?

Pinterest a carrément supprimé mon compte marchand sans autre forme de procès à cause d’Héra et Zeus amoureux.

Une aquarelle érotique montrant la déesse Héra et son époux Zeus en pleine étreinte amoureuse. À retrouver dans ma galerie d'illustrations érotiques Secrets d'alcôve.

Sur Tiktok, aucun doute non plus. Dès que l’algorithme a détecté la présence d’une dame toute nue sur l’une de mes aquarelles (qui n’était pas érotique, d’ailleurs), la vidéo a été supprimée et j’ai reçu un avertissement. 

C’est d’ailleurs pour ça que je ne souhaite pas m’étendre sur Tiktok.

On a beau se dire qu’il ne faut pas laisser les diktats des réseaux sociaux définir les critères de l’art, quand on s’appuie sur ces outils pour être visible, on finit forcément par adapter sa communication et s’auto censurer.

C’est ce que j’ai fait, petit à petit.

Sans même m’en apercevoir.

Je n’osais plus publier de dessins nus, je coupais mes images, je posais un pinceau pudique aux endroits stratégiques (les seins, le pubis, les fesses).

Avant de me rendre compte que je dessinais de moins en moins de nu et plus du tout d’art érotique.

J’avais adapté mon art aux plateformes. Je parlais d’ailleurs déjà de la difficulté de peindre du nu l’année dernière. Il m’a fallu plusieurs mois de réflexion pour retrouver ma liberté artistique.

Illustrations érotiques - La nymphe et le faune - une aquarelle montrant une nymphe étendue sur le dos, la main posée sur le buste d'un faune amoureusement lové contre elle.

Est-ce que ces illustrations trouveraient un public ? 

Si moi qui aime peindre des couples en pleins ébats, je me freine à cause des réseaux sociaux, qu’en est-il des autres ? 

La plupart des gens n’osent pas avouer qu’ils apprécient un peu d’art érotique de temps en temps. La peur du jugement et du qu’en dira-t-on est forte. 

Est-ce que ça vaut vraiment le coup de peindre ces scènes si personne n’en veut ?

Mais après tout, quelle importance si peu de monde les voit, du moment que je m’éclate à les peindre ? Pourquoi sacrifier la joie de créer sur l’autel de l’appréciation extérieure ?

J’ai opté pour une solution toute simple.

Ma page secrète d’aquarelles érotiques sur mon site

Pour éviter les ennuis et surtout regagner ma liberté artistique, j’ai créé un endroit où je peux publier et vendre mes peintures et dessins érotiques sans être obligée de les censurer. Un endroit où l’accès est limité aux personnes vraiment désireuses de les admirer.

C’est ainsi qu’est née Secrets d’alcôve, ma page privée dédiée à mes scènes d’amour à l’aquarelle.

L’accès à Secrets d’alcôve est réservé aux abonné.e.s à ma newsletter.

Si tu aimes les illustrations érotiques soft, tu es plus que bienvenu.e. Éloignons-nous des plateformes sexistes et puritaines pour recréer un internet qui nous conviendra mieux.

Tu viens ?

 

 

 

Marie-Gaëlle

Marie-Gaëlle

Artiste indépendante - Illustratrice

Illustratrice de L'Oracle des Gardiennes sacrées aux Editions Eyrolles.

Créatrice d'univers féeriques, féminins et délicieusement érotiques à l'aquarelle.

Rejoins ma newsletter pour avoir accès aux coulisses les plus croustillantes de mon atelier d'art.

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