Un homme à l’aquarelle ? En lingerie ? Mais comment ? Qu’ouïe-je ? Que diable ?
Et pourtant, oui, je peins bel et bien un monsieur paré d’un très joli ensemble en dentelle fine. Alors oui, je dévie légèrement de ma ligne artistique habituelle, mais ça fait du bien, parfois.
Note de l’autrice : si l’idée de voir un homme arborer une parure soi-disant féminine te dérange, passe ton chemin. Ne te sens pas obligé.e de m’expliquer pourquoi tu trouves ça inapproprié ou autre. On est chez moi et je dessine ce que je veux.
Comment en suis-je venue à peindre un homme à l’aquarelle?
Si tu connais un peu mon travail, tu sais que j’ai une direction artistique très, voire presque exclusivement féminine. Je peins des déesses, des fées, des nymphes, rarement des dieux ou fées mâles.
Alors d’où sort cette commande ?
Une retombée directe du kinktober
Pendant le mois d’octobre, je me suis adonnée à un défi de dessins érotiques appelé Kinktober, pendant lequel j’ai dessiné 31 thèmes différents.
L’un d’entre eux, Genderplay (changement de genre, si je devais traduire assez maladroitement) a suscité pas mal de réactions sur les réseaux sociaux, en particulier Mastodon.
J’y dessinais un jeune homme debout, en pied, fièrement paré de talons aiguilles, bas et porte-jarretelles et c’est à peu près tout !
C’est après avoir publié ce dessin qu’Aubade a pris contact avec moi pour me proposer de le peindre à l’aquarelle à partir d’une de ses photos en lingerie fine.
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Sortir des sentiers battus, parfois ça fait du bien
Pour tout te dire, l’idée de changer de thématique m’a enthousiasmée. Je traversais une période difficile, ma dernière collection féerique avait fait un gros flop, j’étais fatiguée et malade. J’avais besoin d’un défi.
Et peindre un homme en lingerie, avec beaucoup de dentelles, ça m’apparaissait comme le projet parfait pour me changer les idées avec quelque chose d’inédit.
Le processus derrière cette aquarelle personnalisée
J’ai l’habitude des commandes personnalisées axées sur des personnages fictifs, des héros de jeu de rôle, mais là, c’est un peu différent. On parle de peindre quelqu’un de réel, même s’il ne s’agit pas à proprement parler d’un portrait.
Les discussions avec “Aubade”
Pour déterminer si je me sentais à la fois apte et motivée pour accepter la commande d’Aubade, j’avais besoin de voir des photos. Il m’a envoyé une sélection de clichés tous plus beaux les uns que les autres et je me suis dit : ok j’ai envie de le faire, j’espère juste lui rendre justice.”
Les photos elles-même sont en noir et blanc et je me demandais quelle palette de couleurs plairait à Aubade. Ce dernier a vu mes illustrations de yokai pour l’anthologie Démons japonais pour les Luciférines et m’a demandé si je pouvais traiter sa peinture dans le même style : noir et blanc avec une touche de rouge sur la lingerie.
Oh que oui !
Travailler à partir d’une photo d’homme en lingerie
Ce qui m’a plu dans les photos d’Aubade, c’est le côté évidemment coquin de la lingerie (j’ai choisi une photo fesses nues, de dos, avec une ligne très élégante), mais pas exagérément sexy. On y perçoit la fierté d’arborer une parure chic, mais pas le besoin de séduire.
Je voulais qu’on sente la même chose dans mon aquarelle.
Le croquis de base
Dans un cas normal, je commence par faire un croquis très basique, un crayonné pour la composition, l’ambiance générale et je valide avec mes client·es.
Dans le cas d’Aubade, j’avais directement la photo de travail. J’ai fait un croquis “couleurs”, avec le type de gris et de noir que j’imaginais pour la scène ainsi que les zones rouges.
Une fois d’accord sur le principe (je devais juste me calmer sur le côté fleuri de la guêpière pour garder un maximum de transparence), j’ai pu faire mon dessin sur papier aquarelle et préparer ma stratégie de peinture.
L’encrage préliminaire
Ça fait très longtemps que je n’encre plus mes dessins avant de peindre. Ici, j’avais beaucoup de zones de dentelles, de résille, de broderies. J’ai opté pour un tracé à l’encre de Chine pour avoir un rendu très visible des ornements des sous-vêtements avant de les couvrir de lavis.
Le fond également devait être sombre, j’avais tout intérêt à garder un tracé très visible.
50 nuances de gris
Comment on travaille en noir et blanc à l’aquarelle ? Bien sûr, dans les boîtes de peinture, il y a toujours un demi godet de noir, mais en vrai, c’est sans doute celui que j’utilise le moins dans mon nuancier. Le noir sert surtout à foncer une couleur, surtout pas à faire du gris.
Si on dilue du noir, on obtient un jus tristounet sans saveur.
Si on veut des gris vibrants à l’aquarelle, le plus simple reste de les créer soi-même. J’aime mélanger les bleus et les marrons pour obtenir des gris chauds ou froids, avec une infinité de nuances.
Pour l’aquarelle d’Aubade, j’ai complété mes mélanges avec un ton gris chaud Sennelier posé en touches discrètes sur la peau et la guêpière. Et j’ai assombri l’ensemble avec du gris de Payne, une de mes teintes préférées. Ce gris bleu très sombre donne de la puissance à tout ce qu’il touche, c’est magique.
Le résultat final pour cet homme à l’aquarelle
À l’heure où j’écris cet article, ma peinture est validée et attend patiemment son expédition. J’ai vraiment hâte qu’Aubade puisse voir son aquarelle en vrai.
De ton côté, si tu as aimé cet article et que tu veux aussi concrétiser une idée à l’aquarelle, tu peux consulter ma page sur les commandes personnalisées et prendre contact avec moi. Je serai ravie de discuter de ton idée.
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