2 ans sur Mastodon, mon ressenti d’artiste

Le 20 novembre 2024, j’ai fêté mon deuxième anniversaire sur Mastodon et plus largement au sein du fédivers. Comme ces jours-ci, on parle beaucoup de fuir X et de son remplaçant Bluesky, je me suis dit que mettre en lumière un internet différent ne ferait pas de mal.

Je ne parlerai des aspects techniques du fonctionnement de Mastodon, vu que je n’y connais rien. Je vais m’exprimer en tant qu’utilisatrice lambda, une artiste qui en a marre des réseaux commerciaux et qui cherchait une maison plus accueillante.

Je ne pensais même pas m’inscrire sur Mastodon il y a 2 ans

Si tu relis mon article sur le minimalisme numérique, j’avais exclu Mastodon de mon champ des possibles au moment où je pensais à quitter Twitter/X.

“Mastodon, c’est trop compliqué, faut choisir un serveur, t’es pas forcément sur le même que tes potes”

“Mastodon, y a personne, les gens disent qu’ils quittent Twitter et ils reviennent 1 semaine après parce que c’est vide là-bas.”

Telles étaient les critiques que j’avais lue via l’oiseau bleu au sujet de Mastodon.

Pour moi, dont l’objectif principal reste de trouver des clients pour mes aquarelles, m’inscrire sur un réseau vide ne donne pas envie, c’est sûr.

Heureusement, des voix discordantes m’ont apporté des éléments pour changer d’avis. Merci à Stéphane Bortzmeyer de m’avoir rassurée et à Bruno Bellamy pour m’avoir conseillé Piaille.fr comme instance.)

Un dimanche matin, je finis par créer mon compte

Pour s’inscrire, loin de la procédure complexe à laquelle je m’étais préparée, je suis allée sur joinmastodon.org

Comme je savais que je ne voulais pas m’inscrire sur Mastodon.social, qui est la plus grosse instance, j’ai cliqué sur rejoindre un autre serveur et j’ai sélectionné Piaille.fr, un serveur généraliste francophone. J’aurais pu m’inscrire sur Mastodon.art, mais je préfère être entourée de personnes qui ne font pas que de l’art.

En 5 minutes, j’avais créé mon compte, paramétré mon profil en français à partir des préférences et j’étais prête à poster.

Habituée à Twitter et à Instagram, je m’attendais à entendre les criquets chanter lorsque j’ai posté ma présentation avec les hashtags Introduction.fr et Présentation.

Qui a dit que Mastodon était vide, déjà ?

J’ai effectivement entendu du bruit ce jour-là, d’étranges gazouillis d’oiseaux venus de nulle part. J’ai d’abord cru que ça venait de l’extérieur, que des moineaux s’agitaient dans les arbres, mais pas du tout. C’était le bruit des notifications du serveur Piaille qui m’informaient que mon post suscitait des réactions !

(Trouver comment couper le son des notifications aura probablement été le truc le plus compliqué sur Mastodon quand j’y pense.)

En l’espace d’une journée, j’avais parlé à des dizaines de personnes qui me souhaitaient la bienvenue, partageaient ma présentation, s’abonnaient à mon compte. Sur le fédivers, on ne s’intéresse pas trop aux “vanity metrics”, mais je sais que c’est important pour les gens biberonnés aux likes, follow et commentaires. Dimanche 20 novembre 2022 au soir, je comptais 250 abonnés sur mon modeste compte d’aquarelliste.

Jamais je n’avais reçu autant de réponses sur Twitter ni sur Instagram. De quoi balayer l’argument “Mastodon c’est vide” d’un revers de main.

Pour être honnête, j’ai bénéficié d’une vague de départ de Twitter en novembre 2022. Beaucoup de gens sont arrivés en même temps sur le fédivers et l’émulation a sûrement joué sur cette effervescence inattendue.

N’empêche, deux ans après, nous sommes presque 2000 sur mon compte, bien devant Instagram, sur lequel je suis active depuis 10 ans…

Un engagement supérieur sur Mastodon

Un élément qui n’a pas changé au fil des mois, c’est la différence flagrante entre les réactions sur Instagram (je ne parle plus de Twitter, j’ai fermé mon compte depuis belle lurette) et celles sur Mastodon.

Déjà, il est beaucoup plus facile de partager une publication qui nous plait à travers le fédiverse que via Instagram. Un simple clic sur booster permet de partager un message à toutes les personnes qui nous suivent.

Il n’y a pas d’algorithme secret sur Mastodon. On voit ce à quoi on est abonné, dans l’ordre chronologique. Et on peut voir ce que publient les gens depuis d’autres plateformes du fédiverse.

Aparté : le fédivers est l’ensemble des outils open source interconnectés qui permettent de communiquer. Moi j’ai choisi Mastodon parce que j’aimais bien Twitter. Mais un.e fan d’Instagram peut ouvrir un compte sur Pixelfed et retrouver une interface familière (sans les pubs ni l’algo moisi). WordPress en fait également partie. Il y de nombreuses plateformes différentes selon ce qu’on veut faire. L’avantage, c’est qu’elles sont toutes reliées entre elles. C’est comme si depuis mon ancien compte Twitter, je pouvais papoter avec une copine sur Insta et un autre sur Facebook.

Je ne sais pas pour toi, mais sur Instagram, je reçois souvent des commentaires qui se résument à un ou deux emojis, ce qui est sympa, mais tu ne sais pas trop quoi répondre. Sur Mastodon, les conversations autour de mes aquarelles sont souvent bien plus construites. Les gens sont moins pressés de scroller, s’intéressent davantage au contenu des posts.

Et personnellement, j’ai rencontré des gens passionnants grâce aux Mastapéros, des rendez-vous mensuels en personne où on fait connaissance autour d’un verre, d’un café ou d’une flammekueche !

Un rapport aux réseaux différent

Quand je suis sur Instagram, je dois faire attention à :

• être régulière et poster souvent pour espérer toucher du monde
• Rester dans ma ligne éditoriale pour que l’algo comprenne à qui il doit montrer mes posts (Et manifestement, il comprend pas ^^)
• Faire des vidéos parce que c’est ce que les gens consomment
• Ne pas poster du nu sans couvrir ce qui dépasse.
• ne pas m’abonner à trop de comptes, ça envoie un mauvais signal à l’algorithme et aux utilisateurs.

Quand je suis sur Masto, je peux:

• Parler de tout et de rien, on s’en fiche, y pas d’algo punitif.
• Poster du nu et de l’érotique grâce à l’option “Avertissement de contenu”
• Ne poster que de l’écrit quand c’est suffisant, pas besoin de filmer des reels à tout bout de champ.
• M’abonner à plein de comptes qui parlent de sujets variés.
• Mettre des liens externes dans mes posts sans crainte, les gens ont le droit de quitter la plateforme
• Ne rien poster si j’ai rien à raconter.

Mon ressenti sur Threads et Bluesky

Quand je suis arrivée sur Mastodon, Threads n’existait pas encore et Bluesky balbutiait. Aujourd’hui, avec la catastrophe qu’est devenu X, les gens cherchent une alternative. Beaucoup ont migré vers Bluesky récemment et vers Threads quelques mois auparavant.

J’ai créé un compte sur les 2, par curiosité. Je n’aime pas critiquer sans connaître, mais je ne trouve ma place sur aucun des ces réseaux. Je suis fatiguée de devoir plaire à l’algorithme pour espérer faire partie des “cool kids”.

Pour cartonner sur ces plateformes, il faut être malin, percutant, avoir un avis tranché sur plein de sujets et vouloir en faire part à la terre entière. Je ne suis pas spécialement maline, ni douée pour trouver des punchlines, et je partage rarement mon avis sur des sujets que je maîtrise, encore moins sur des sujets que je ne maîtrise pas.

Je pars donc avec beaucoup de malus sur Threads et Bluesky. mais dans la mesure où je ne compte pas perdre mon temps dessus, ça n’est pas bien grave. Pour le moment, les gens vivent leur lune de miel là-bas, mais on sait très bien que d’ici quelques mois, l’ambiance délétère sera de retour, c’est le fonctionnement naturel de ces plateformes. L’algorithme étouffera les petits créateurs et ne mettra en avant que les mêmes personnes, celles qui parlent fort, même quand elles devraient se taire.

Je n’ai plus envie de gaspiller mon temps et mon énergie à essayer d’exister là-bas.

On se retrouve sur le fédi ?

Si cet article peut te donner envie de donner sa chance au Fédivers, à un internet différent, plus serein et moins axé sur une fausse promesse de gloire, j’en serai ravie.

Tu me trouveras à cette adresse : @aemarielle@piaille.fr.

Quelques ressources pour te lancer sur Mastodon ou un autre outil du fédi :

• Feditips (en anglais)
• Accès direct à Piaille, l’instance Mastodon où je me trouve
• Pourquoi les médias devraient créer un serveur sur Mastodon, un article écrit par Gaëtan Le Feuvre qui explique 1000 fois mieux que moi l’intérêt du fédivers et pas seulement pour les médias.