Minimalisme numérique | peut-on quitter les réseaux sociaux ?

Avec la tempête qui s’abat sur Twitter en ce moment, je me repose la question du minimalisme numérique dans mon quotidien. Est-il possible de se passer des réseaux sociaux quand on veut vivre de son art et vendre ses créations en ligne ?

Pour situer le contexte : Le milliardaire Elon Musk vient de racheter Twitter, mon réseau social principal et ma plateforme préférée pour partager mon travail. Celle sur laquelle mon audience est la plus grande. Celle sur laquelle je peux poster des dessins de gens tout nus sans crainte de censure. Or, le nouveau propriétaire a des idées pour le moins étonnantes : licencier à terme 75% des effectifs de Twitter – il a déjà licencié 50% des salariés vendredi par email ; Ouvrir la possibilité à tous d’obtenir la coche bleue (les comptes certifiés) moyennant un abonnement de 8 dollars par mois, et subordonner la visibilité des contenus à la souscription dudit abonnement Twitter Blue.

Pour faire simple, si tu ne payes pas 8 dollars par mois, personne ne verra tes contenus…

Autant te dire que l’avenir sur Twitter me donne peu envie. Et ça me désole vraiment.

Quelles alternatives à Twitter

Depuis les annonces tonitruantes d’Elon Musk, un certain nombre d’utilisateurs fait le choix de migrer sur Mastodon, l’alternative libre et décentralisée à Twitter. En soi, pourquoi pas ? Le principe ne me rebute pas : Pas de milliardaire mégalo à la tête du système, pas de rachat possible. On choisit une instance où créer son compte et on peut retrouver d’autres utilisateurs grâce à leur @ complet, et ce même s’ils ne sont pas dans la même instance.

Dans la réalité, Mastodon s’avère compliqué à prendre en main d’après les premiers retours que j’ai lus ici et là. Et la perspective d’ouvrir un nouveau réseau social pour y reconstruire mon audience de zéro ne me fait pas rêver. De plus, l’idée qu’une instance puisse disparaître au bon vouloir de ses fondateurs me fait peur.

Bref, je n’irai pas sur Mastodon. Et l’envie de pratiquer le minimalisme numérique me chatouille de plus en plus.

Edit du 21.11.2022 : Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, je découvre Mastodon en ce moment-même. Je ferai un retour sur mon expérience d’ici quelques jours.

La seule question reste…

Peut-on se passer des réseaux sociaux ?

Je suis abonnée à plusieurs personnes qui pratiquent le minimalisme numérique dans leur activité et j’avoue être admirative de cette manière de fonctionner. Il y a d’ailleurs autant de manières de se passer des réseaux que de créateurs, en réalité.

Supprimer ses comptes Facebook, Twitter, Instagram ?

Parmi les créateurs francophones qui le pratiquent on trouve D’écaille et de plume, qui n’utilise aucun réseau pour promouvoir ses livres, son Patreon et ses contenus, uniquement une newsletter. Germain a fait le choix de se passer des réseaux depuis de nombreuses années. Pour en discuter avec lui de temps en temps, cette décision a forcément un impact fort sur la visibilité de ses contenus, mais c’est un choix imposé par ses valeurs et sa vision du web.

Du côté des anglophones, je suis fan des contenus d’Alexandra Franzen, une écrivaine freelance qui a décidé de supprimer tous ses réseaux sociaux sans pour autant nuire à son activité. Elle pratique le marketing par le biais de ses emails, de son blog et de ses nombreuses connexions en dehors du web. Alors évidemment, son audience se compose de dizaines de millier de personnes, bien au-delà de la mienne.

Déléguer quand on le peut

Une créatrice qui m’inspire énormément sur l’aspect frugalité numérique est Florie Vine, une artiste aux multiples facettes qui a ouvert sa propre maison d’édition, Café aux Etoiles. Florie pratique depuis longtemps la simplicité dans tous les aspects de sa vie et en tout logique, elle limite fortement son utilisation des “réseaux commerciaux”, comme elle les appelle.

Florie a choisi de ne pas se passer totalement des réseaux, mais de déléguer leur utilisation à Camille, sa community manager, qui s’occupe du compte Instagram de Café aux Etoiles. Une façon pour elle de libérer son esprit de la partie création de contenus “snack” pour se consacrer à l’écriture, à ses aquarelles et à créer des contenus plus longs pour ses mécènes Patreon, son podcast et sa chaine YouTube. Cela n’empêche pas le compte Instagram de Café aux Etoiles de dégager une énergie très douce et positive qui ressemble à sa créatrice.

Cultiver des relations en dehors des réseaux sociaux

Je ne compte pas supprimer entièrement ma présence des réseaux sociaux pour le moment. Tout simplement parce que je n’ai pas la notoriété nécessaire pour le faire et que je risquerais de perdre le lien avec mes abonnés qui n’ont pas forcément envie de tous s’abonner à mes emails (C’est dommage parce que j’adore envoyer des mails!).

Néanmoins, j’ai commencé à privilégier les échanges par emails et par téléphone avec mes clients, à travailler la recommandation et j’avoue apprécier cette façon de procéder. J’espère développer ce procédé dans les semaines à venir. Je trouve ça beaucoup plus agréable que faire la course aux commentaires sous chacune de mes publications sur les réseaux sociaux.

J’apprécie également les conversations qui naissent sur Discord, que ce soit sur mon serveur ou celui des copines.

Mes réflexions sur le minimalisme numérique ne font que commencer, mais pour l’heure, elles m’incitent à ne pas chercher le nouvel objet brillant, à savoir le prochain réseau social miracle.

Ne me cherche donc pas sur Mastodon, ni sur Tiktok (j’y ai un compte, mais j’ai supprimé l’appli de mon téléphone et je ne prévoie pas d’y retourner).

Mon “écosystème de contenus” se décompose ainsi :

  • Mon blog
  • Ma newsletter
  • Patreon
  • YouTube
  • Discord
  • Instagram & Twitter jusqu’à info contraire
L'écosystème numérique d'Aemarielle

Si tu veux me contacter, tu peux :

Besoin d’un livre pour t’inspirer ? Digital minimalism de Cal Newport est sans aucun doute une référence sur le sujet.

Je proposerai des articles pour te tenir au courant de mes avancées sur le sujet du minimalisme numérique au fil de mes réflexions. En attendant, je suis curieuse d’avoir ton avis dans les commentaires de l’article. Quelle est ta vision des réseaux sociaux ? Est-ce que tu t’éclates dessus ou au contraire, tu cherches à t’en soustraire ?

Marie-Gaëlle

Marie-Gaëlle

Artiste indépendante - Illustratrice

Illustratrice de L'Oracle des Gardiennes sacrées aux Editions Eyrolles.

Créatrice d'univers féeriques, féminins et délicieusement érotiques à l'aquarelle.

Rejoins ma newsletter pour avoir accès aux coulisses les plus croustillantes de mon atelier d'art.

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4 Commentaires

  1. Germain Huc

    Je crois que ton article résume bien le dilemme actuel d’internet. De formidable outil d’émancipation à l’origine, la Toile est devenue similaire à un filet qui a tendance à emprisonner (dans des bulles, dans des certitudes, dans des réseaux, dans des automatismes compulsifs de consultation, dans une peur de manquer l’information, etc.)

    Le dilemme est plus aigu encore quand on est une créatrice ou un créateur, puisque notre art et notre travail doivent être vu pour toucher leur public, problème que l’on n’a pas si on est, disons « juste consommateur » (dieux que je n’aime pas le mot).

    C’est pourquoi je renomme les réseaux « dysociaux », à partir de la racine « dys » (anormal) en jouant sur l’expression « dits sociaux » car à mon sens ils sont l’antithèse même, dans leur conception, de ce qu’est « être en société ». Ils sont de plus contrôlés par des personnes (une ou plusieurs, finalement, ça ne change pas grand chose) dont l’objectif est systématiquement de maximiser leurs propres profits, quels qu’ils soient (financier, souvent, mais aussi, dans le cas d’Elon Musk, d’égocentrisme et de mégalomanie).

    Je me demandais justement cette semaine comment les twittos percevaient de l’intérieur le rachat de la plateforme. Car, comme dit plus haut, pour moi cela ne change pas foncièrement la base : Twitter était déjà là pour faire du fric avec les pubs, là, en plus il va en faire avec les abonnements et décider unilatéralement de la « modération » (comprendre lâcher la bride aux trolls et aux complotistes). Le réseau devient juste un peu plus privé (de sens).

    Ces réseaux restent, c’est vrai, une formidable caisse de résonance pour tenter de trouver un public.
    De mon point de vue, cependant, et c’est pour cela que je les ai abandonnés, ils nous imposent aussi deux autres gros inconvénients :

    1. Ils dirigent notre travail : faire connaître son travail sur les réseaux dysociaux est chronophage (tel réseau a une limite de caractères, tel autre un format d’image, le troisième n’aime pas qu’on montre une once de peau nue, tous nous imposent de réfléchir aux mots-clefs et autres hashtags pou améliorer notre visibilité dans la jungle des posts et autres tweets). Ce temps énorme passé à faire connaître son travail avec des contraintes de forme comme de fond est pour moi, dans mon flux de travail personnel et ma vie, du temps gâché que je ne passe pas à **créer** réellement. De plus, pour que chaque publication faite appartienne légalement au réseau, et pas à moi… ça fait un peu cher payé à mon goût.

    2. Ils ont une efficacité discutable. Certes, beaucoup de créateurs et des créatrices expliquent qu’ils ont fédéré une communauté autour d’eux sur les réseaux, comme c’est ton cas. La question est de savoir si cette communauté a été constituée grâce aux réseaux eux-mêmes, ou si elle s’y est agrégée en venant d’autres canaux. Car comme dit plus haut, la masse d’information à laquelle les réseaux nous exposent est un océan sans limite. Personnellement, je m’y noyais complètement, et je me demande si humainement il est possible de toucher réellement son public en restant immergé dans cet océan où tout tourbillonne si vite que personne n’est vraiment attentif à ce qu’il ou elle voit.

    Pour faire un retour honnête de ma vie d’artiste sans réseau social, il est évident que, comme tu l’écris justement, cela a un fort impact sur ma visibilité. Je vends très peu de livres, même pour un écrivain de l’imaginaire inconnu. Je me rangerais plutôt dans la catégorie « confidentiel » voire « secret défense » en terme de notoriété 😉
    J’ai la chance de pouvoir vivre confortablement par mon travail et de ne pas dépendre de mes ventes artistiques pour manger ou me loger, mais il est certain que cela demande de sacrifier du temps qu’on ne passe pas à créer.

    Je pense cependant que mon choix est (dans mon cas) le bon, car il est en effet en phase complète avec mes valeurs. C’est un vrai choix, et en ce sens il est plus facile pour moi de l’assumer. Le seul vrai inconvénient c’est que j’ai dû accepter de ne pas devenir célèbre grâce à mon art… et même ça, au final, ça a fait travailler mon humilité 😉

    En conclusion, je crois salutaire de s’interroger sur ce qui est bon ou pas pour nous, et de développer le plus d’alternatives possibles aux réseaux dysociaux, car tôt ou tard, ils poseront des problèmes à tous et à chacun .

    À très bientôt sur Discord, Patreon, ta newsletter… ou ici !

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    • Aemarielle

      Tu sais déjà à quel point je partage ton ressenti sur les réseaux et je ne peux qu’approuver ton commentaire. C’est très bien que tu aies trouvé la façon de gérer ta vie en ligne en fonction de tes valeurs et en tenant compte du fait que ce n’est pas ton activité principale. Aucune raison de te contraindre à utiliser des canaux qui ne te correspondent pas.
      Il est vrai que de mon côté, ce n’est pas tout à fait la même histoire. Comme j’ai fait de l’art mon métier, ma communication dépend dans une certaine mesure de ma visibilité et je n’ai pas encore l’assise nécessaire pour dire ciao Twitter, Ciao les réseaux ! ^^ Mais un jour, oui, je compte bien leur dire et me barrer ! 😀

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  2. Valentine

    Hello Aemarielle ! Je trouve ton article hyper intéressant. Je te suis moi-même via ta newsletter et instagram (instagram étant mon principal réseau social) mais je suis plutôt école blog/newsletter et je comprends ton processus de pensée. Moi-même ça a été très compliqué d’entreprendre et de réseauter. J’ai fini par voir le bon côté du réseau : lier avec des gens que je n’aurais jamais rencontrés autrement autour de passions communes. Ceci dit ça me rend malade de dépendre d’une entreprise qui fiche des publicités partout et qui assomme à coup de « sponsorise ce contenu ». Je fais semblant de ne rien voir et j’y vais en efficacité. Et c’est pour ça que j’ai aussi mon site (et pas une plateforme de vente), ma newsletter et mon blog, pour être libre. Où en es-tu avec la découverte de Mastodon ?

    PS : merci pour la découverte de l’univers de Germain Huc !
    Valentine

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    • Aemarielle

      Coucou Valentine, merci pour ton retour sur cet article. Je partage ton ressenti sur Insta évidemment et je trouve très bien que tu aies ton blog, ton site et ta liste email pour te détacher du pouvoir des RS. En ce moment, j’essaye de faire fi de mon rejet d’Insta pour proposer des contenus à ma commu là-bas. Je me concentre sur le plaisir de discuter et de proposer des trucs nouveaux (ou non). Donc Insta fait de nouveau partie de mon éco système avec Mastodon, qui représente à la fois une bouffée d’air frais et une expérience intéressante pour moi. Peut-on développer une audience sur une réseau libre et décentralisé ? Pour le moment, ma réponse est un grand oui. En 1 mois et demi, j’ai presque rattrapé l’audience que j’ai mis 7 ans à construire sur Insta. De façon simple, sans me soucier d’un algorithme, juste en étant présente et active. Est-ce que le phénomène perdurera ? Je ne sais pas, mais j’ai adopté Mastodon en tout cas. J’écrirai un nouvel article sur le sujet je pense, pour refléter l’évolution de ma réflexion sur les RS.

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