L’exemple avec ma vie passionnante.
Cette semaine, je discutais en voiture avec mon père quand celui-ci m’a dit :
“Oh tu sais quoi ? J’ai reçu un courrier d’Ebay. Je dois déclarer les ventes de mes insignes aux impôts.
— Ah bon ? Mais tu dois juste déclarer l’activité, tu ne paieras sans doute rien.
— Ben quand même, j’ai fait 104 ventes pendant le confinement, y en a pour 3000 euros.
— …”
Soudain, j’ai ressenti comme une baisse de motivation…
J’ai gardé une façade parfaitement composée, mais à l’intérieur, mon cœur s’est serré. Pas contre mon père, qui a parfaitement le droit de faire un carton sur Ebay, mais contre moi.
En 2021, j’ai vérifié pour être sûre, je n’ai pas atteint les 30 ventes dans ma boutique en ligne. Et le chiffre d’affaire annuel de mon entreprise avoisine le résultat de mon père en 8 semaines de confinement.
Sur le coup, j’ai eu honte de moi. Faut-il être nulle pour ne pas réussir à trouver des clients, quand même ? Il y a des gens pour collectionner les insignes militaires (certains s’arrachent à plusieurs centaines d’euros) et toi, tu n’es pas capable de vendre tes créations ?
J’ai eu bien du mal à garder ma motivation en rentrant chez moi. Pour être honnête, j’étais vexée.
Ma bonne élève intérieure fulminait
Je suis au rendez-vous chaque jour pour créer
J’ai créé ma boutique en ligne
Je suis tous les conseils des experts de la vente et du marketing
Je me forme aussi souvent que possible
J’entretiens un moral positif et optimiste
La bonne élève en moi ne comprend pas pourquoi, malgré mon travail, je n’obtiens pas de meilleure note (sous-entendu, plus de clients). Elle me considère souvent avec dédain en me disant que peut-être, je devrais en faire plus. Elle surveille mes temps de pause et essaye de me faire culpabiliser quand je prends une demi-journée off.
Alors en apprenant le résultat de mon papa (qui ne se pose aucune question de rentabilité, il est à la retraite, il fait ça pour le fun), la bonne élève a fait une syncope.
Ça, c’était mon état d’esprit dans mon journal ce jour-là. Et après avoir dessiné, ça, franchement, ça va mieux !
Comment retrouver sa motivation après un coup dur?
Il a fallu un moment et un bon thé bien chaud pour la calmer et lui rappeler quelques éléments factuels :
- Ebay a une visibilité infiniment supérieure à mon site internet
- Mon père vend sur une niche totalement différente de la mienne
- Je suis capable de gérer une boutique en ligne et un site web toute seule ou presque.
- Je développe chaque jour ma communauté
- J’ai eu de meilleurs résultats en 2021 qu’en 2020, ce qui est bon signe.
- J’ai semé pour l’avenir avec le contrat éditorial pour l’oracle
- Rome ne s’est pas construite en un jour
Pourquoi je raconte ça ?
Parce que je sais que parmi ceux qui me lisent, il y a des créateurices et des artistes qui sont dans la même galère que moi et qui se pensent tout seuls. Si tu en fais partie, sache que tu es loin d’être seul.e, que tu n’es pas nul.le.
Internet aime mettre en avant des entrepreneurs à succès et le CA à 5 ou 6 chiffres apparait comme la norme alors que nous sommes nombreux à galérer pour atteindre les 4 chiffres. Je sais à quel point c’est dur de garder la motivation dans ces conditions.
Le succès de ton entreprise ne reflète pas ta valeur personnelle. Réussir fait du bien à l’ego, on va pas se mentir, mais tu es déjà une réussite.
Ne te décourage pas, change ce qui ne fonctionne pas, teste d’autres choses. Réfléchis à ta stratégie, remet-la en question.
Et surtout reste dans l’arène avec nous.
Je suis désolée que tu aies vécu ce moment de jalousie impromptue et inconfortable…
Bravo d’en parler ici avec franchise.
Je suis persuadé que tu vas percer mais il faut du temps…
En tout cas je crois beaucoup à l’impact de l’oracle (il faudra d’ailleurs que tu puisses en avoir sur ton stand).
Grosses bises !
Au fond, je n’en suis pas désolée, moi. Ça m’a appris des choses sur mon ego et ça fait du bien de poser des mots là-dessus.
Malheureusement en juin c’est mort, l’oracle ne sera pas encore sorti. Avec un peu de chance, je l’aurai pour fin octobre.
Bises à toi !
Je pense que c’est inévitable de ressentir ce que tu as ressenti : on fait tout ça tout bien, pourquoi ça ne marche pas avec nous ?
J’aimerais dire que je ne souffre pas (parfois) de cette même jalousie, tout en sachant que les gros succès sont une minorité.
Puis j’essaie de recalibrer ma pensée : je n’y suis pas *encore*, j’y arriverai.
Mais pfiou, allons jouer au loto, pour voir. XD
Ecoute, si on est jalouse 1% du temps et que le reste on avance, je dis que ça va !
Le « succès » est une mystérieuse maîtresse (ou un mystérieux amant) : on ne sait pas vraiment pourquoi il sourit à certaines personnes et pas à d’autres. Notamment à nous.
Le plus déroutant est aussi sans doute qu’il est un peu protéiforme : chacune et chacun d’entre nous a en tête un visage bien précis du succès, mais ce ne sera jamais le même (ou pas souvent). Même quand il est question de gloire ou d’argent, personne n’aura le même montant financier comme référence pour déterminer ce qui est un succès ou pas, ou combien de followers, ou même combien de mètres dans la rue je pourrais faire avant d’être reconnu et poursuivi par une meute de fans en furie en voulant à mon corps.
Par exemple, quelqu’un comme Antoine Saint Épondyle, qui me paraît déjà être une personne qui a « du succès » selon moi, ne le considère pas ainsi (pour preuve le billet d’ouverture de cette saison sur son blog).
Il y a pire : l’idée que je me fais du succès peut changer en fonction du temps. Au début, je voulais « seulement » publier un livre, maintenant j’aimerais qu’il soit adapté en série télévisée par Netflix (oui, on peut rêver)…
Bref, je comprends vraiment du fond du cœur ce que tu as dû ressentir à ce moment-là.
Et je crois comme toi que la seule bonne réponse est « creuse ton sillon, fais ta magie, et laisse l’Univers s’en saisir, car ça ne dépend pas de toi ».
C’est ce que j’essaie.
J’ai pas dit que j’y arrivais 😉
« l’idée que je me fais du succès peut changer en fonction du temps. Au début, je voulais « seulement » publier un livre, maintenant j’aimerais qu’il soit adapté en série télévisée par Netflix (oui, on peut rêver)… » Ça s’appelle de l’ambition et c’est très bien ! Je te souhaite une série à succès 🙂
Moi au fond, je ne demande pas grand chose : de quoi vivre simplement, sans chichi, mais avec un sentiment de sécurité et d’accomplissement personnel. Le succès tel qu’on l’entend (célébrité par exemple) ne me parle pas du tout. Enfin voilà, je veux juste pouvoir faire ce qui me chante sans dépendre de qui que ce soit ^^.