En septembre, j’ai eu la chance de travailler avec les équipes de rédaction du hors série Astro TéléStar 2023, un magazine astrologie qui sort cette semaine en kiosque.
Ce fut un projet épique pour moi, je dois l’avouer. 12 illustrations sur les signes astrologiques en moins d’un mois, je ne ferai pas ça tous les jours ! Mais comment résister au thème ? Moi qui avais toujours eu envie de dessiner les 12 signes du zodiaque sans prendre le temps de le faire, je tenais l’occasion rêvée de cocher la case “accomplissement réalisé” tout en donnant un coup de peps à mon portfolio professionnel.
Comment je me suis retrouvée dans un magazine astrologie
Jamais je n’aurais imaginé collaborer avec un magazine papier, encore moins à si grande échelle. Peut-être s’agit-il de croyances limitantes, mais j’étais persuadée qu’il fallait déjà avoir un réseau très pointu pour se voir proposer ce genre de projet. Or de mon côté, je n’avais pas encore ce type de relations dans mon carnet d’adresses.
Mais ça, c’était avant les réseaux sociaux.
Début septembre, je publie un tweet pour annoncer la sortie d’un article de presse qui parle de la création de L’oracle des Gardiennes sacrées sur le site des DNA. Carole-Anne Eschenazi et moi avions été interviewées durant l’été pour expliquer notre processus créatif dans le cadre d’une série d’articles sur les oracles et les tarots.
Un premier article de presse, c’était déjà un sacré accomplissement pour moi. Je n’imaginais pas l’effet boule de neige qui suivrait. Cyril Oliverio, un de mes contacts sur Twitter (à l’époque où je l’utilisais), est directeur artistique. Il travaille notamment sur le hors série astro Télé Star avec les équipes de Reworld Media. Il me confie apprécier mon travail et chercher depuis un moment un projet à me proposer. (Mon style ne se prête pas à tout.)
Le délai est très court – nous sommes le 7 septembre, la date de fin est prévue au 30 septembre !
Mon cerveau m’explique que ça va pas être possible. 3 semaines pour 12 illustrations, c’est de la folie, sachant que je travaille déjà sur un tarot avec Carole-Anne. Mais mon cœur, lui, veut le faire.
Depuis que je suis petite, je regarde les magazines en admirant les artistes qui y publient des dessins, que ce soit des strips ou des illustrations à thème. Je sais que ça va être très chaud, mais comment dire non ?
Je décide de faire une pause dans les cartes du tarot pendant 3 semaines et de foncer.
Des dessins mêlant techniques traditionnelles et numériques
Après avoir géré les formalités entre Sylvie de Reworld Media, Cyril et moi, nous attaquons le projet par une illustration test. J’ai choisi le Taureau qui m’avait tout de suite inspiré un croquis dans mon carnet.
Pour l’occasion, sachant que j’avais peu de temps devant moi, j’ai utilisé des outils simples : papier bristol, feutres à alcool et crayons de couleurs. Le projet nécessitait aussi la mise en page de chaque dessin comme s’il s’agissait d’une carte d’oracle, avec une bordure un peu ésotérique et à chaque coin de la page, des symboles représentant chaque signe astrologique.
J’ai choisi des croissants de lune abritant en leur centre des éléments traditionnellement associés à l’astrologie : les planètes liées à chaque signe, leur constellation, le signe lui-même (l’équipe voulait un dessin et non un pictogramme) et l’élément caractéristique : eau, terre, feu, air.
Le fond a été traité numériquement avec l’aide inestimable de mon partner in crime, Steph, qui m’a aidé sur tout l’aspect “graphisme” du projet, attention au fond perdu, marges, gestion des effets de chaque fond et colorimétrie.
Les défis durant le projet
Comme tout projet inconnu, la création de ce dossier astrologie a présenté un certains nombre de challenges.
Comprendre les besoins de mes clients
Outre la rapidité d’exécution qu’exigeait le délai, il s’agissait pour moi de comprendre les attentes de la rédaction, que je ne connaissais pas. Je n’avais pas d’instruction particulière sur le style du dossier, au départ. Or, la communication est indispensable dans tout projet d’illustration, et la phase de croquis a permis de débroussailler nos questionnements respectifs sur l’allure des différents signes. Je partais sur mon approche habituelle, très axée mythologie, alors que la rédaction du magazine visualisait des signes plus ancrés dans la modernité.
J’ai fait quelques recherches de mon côté pour comprendre les caractéristiques de chaque signe zodiacal et m’en inspirer dans mes croquis. Nos discussions et quelques photos d’inspiration ont permis d’élaborer des croquis qui répondaient davantage à leur vision sans me priver de ma liberté créative.
Respecter le cahier des charges graphique
Mon dessin occuperait une page entière à gauche et la page de droite afficherait le texte descriptif du signe astrologique écrit par Shana Lyès, l’astrologue en charge du dossier. Une fois le dessin terminé, il s’agissait de le scanner, de le détourer avec soin et de l’insérer sur la page avec un fond coloré, accompagné de ses symboles. J’avais le choix de la couleur, sachant que la maquette la réutiliserait pour les titres de la page de droite. Il fallait donc s’assurer que la couleur serait suffisamment marquée pour le titre. Il fallait aussi faire attention à bien placer les éléments au coin de la page en respectant le fond perdu pour éviter qu’ils soient trop proches du bord de la feuille après la découpe.
Vaincre la deadline serrée
Quand tu dois dessiner 12 signes astrologiques aussi vite, chaque minute de ta journée doit être planifiée. Il n’y a pas de place pour l’impréparation, surtout si tu dois modifier des croquis, voire refaire une illustration.
Spoiler, c’est ce qui s’est passé.
Certains signes ont été plus simples à concevoir que d’autres. Le Taureau, le Cancer, le Scorpion ont coulé tout seuls. Les Gémeaux et le Verseau m’ont demandé un peu plus de recherche, j’ai bien galéré sur les croquis préparatoires. Le signe qui m’a donné le plus de fil à retordre reste sans conteste la Vierge, que j’ai finalement recommencé à zéro, le rendu final n’étant pas satisfaisant. (Ça arrive, ce n’est pas catastrophique de planter un dessin, tant que tu as prévu de la marge pour le refaire.)
Le briefing de base mettait en avant le douceur du signe de la Vierge, sa tendance à l’introspection, à la retenue. Sa tenue comportait des manches ballons et elle tenait quelques brins de lavande entre les mains.
Le résultat final ne nous parlait ni à moi, ni à la rédaction. Trop en retrait, trop mièvre, trop “petite maison dans la prairie”. Il n’y a pas 36 solutions dans ces cas-là, il faut recommencer. J’ai demandé à Sylvie et à la rédaction de réfléchir à l’image que leur renvoyait le signe de la Vierge et de me donner leur ressenti. Leur retour était finalement très éloigné de la douceur initiale : Vénus, beauté irradiante, solaire.
Curieusement (non), ces mots m’inspiraient nettement plus que la première version.
Nous sommes donc passées de cette Vierge :
À celle-ci !
Ce n’est pas la version définitive du magazine, sur laquelle j’ai ajouté des paillettes !
Le résultat
Le magazine est sorti le 14 novembre en kiosque, tu peux donc y voir le résultat de tes propres yeux. Si tu ne parviens pas à mettre la main sur un exemplaire, je partage quelques morceaux choisis sur mon compte Instagram @aemarielle.
Mes plus sincères remerciements vont à Cyril Oliverio pour m’avoir proposé ce projet et aux équipes de Reworld Media, en particulier Sylvie pour sa confiance. Et of course, à Stéphane qui m’a soutenue, épaulée techniquement et encouragée quand mon moral sombrait sous le coup de la fatigue !
J’espère que cette plongée dans la création du dossier astrologie t’a plu et donné envie de découvrir le hors série. N’hésite pas à me poser tes questions en commentaires.
Bravo !! Quel travail ! C’est ce qui m’impressionne dans le travail d’illustrateur et artiste : le respect du besoin client, la discussion, le besoin de cadrer mais aussi de respecter. Bref ce n’est pas évident. Je me demande si c’est un part du travail d’artiste qui a beaucoup changé ces dernières décennies ou si c’était déjà comme ça quand un artiste avait une commande. Etait-il libre de faire ce qu’il voulait ou non. Avait-il tout le temps qu’il voulait. Bref, c’est un dur métier !
Je t’avoue en toute transparence que ce n’est pas l’aspect du métier que je préfère. J’aime créer sans me soucier de respecter un cahier des charges, même s’il y a une finalité pécuniaire derrière. Je ne sais pas si les artistes avaient vraiment carte blanche avant. Quand tu peignais pour des nobles, ça ne devait pas être 100% fun non plus ^^