Renaissance d’une aquarelle | Lalita devient Danse divine

Aujourd’hui j’ai envie de te parler d’une peinture qui se révèle être un gros challenge artistique pour moi. Je l’ai intitulée Danse divine, ce qui est une renaissance pour une aquarelle déjà terminée.

J’ai tendance à reprendre certaines peintures quand je ne suis pas entièrement convaincue du résultat. Parfois, la composition me paraît bancale, la palette de couleurs pas suffisamment harmonieuse. Je t’en avais déjà parlé lorsque j’avais repeint L’étreinte de la sirène et aujourd’hui, je me retrouve dans une situation similaire avec une autre aquarelle : Lalita.

Lalita - aquarelle d'une déesse indienne en train de danser au milieu des nénuphars

La version originale de Lalita

Pourquoi refaire une aquarelle ?

Je déteste ne pas réussir à concrétiser mon idée. Quand je ne suis pas satisfaite d’une aquarelle, je ressens une profonde frustration. Le genre qui me travaille, m’obsède et finit toujours par ressurgir même après plusieurs mois.

Lalita était là, accrochée au mur du salon en attendant que je veuille bien en faire la promotion pour la vendre. Ce que je ne faisais pas et pour cause : je ne peux pas vendre une œuvre dont je ne suis pas sincèrement fière. Lalita n’est pas un loupé, elle est même plutôt belle, mais il y a un truc qui me chiffonne depuis longtemps avec elle.

Lalita est noyée dans ses couleurs. Elle ne ressort pas au milieu du décor, perdue dans les masses roses et jaunes. La couronne de cobras semble l’avaler au lieu de la mettre en valeur. C’est un élément assez courant dans l’iconographie des divinités indiennes, je voulais l’utiliser. Malheureusement elle ne donne pas l’effet voulu.

Je pourrais laisser les choses en l’état, mais ce n’est pas mon genre. Il est temps de repartir sur un concept tout beau tout neuf.

Quelques pistes de réflexion pour Danse divine

Première idée : remplacer la couronne de cobras par un seul cobra géant qui s’élèverait autour de la danseuse. J’ai rejeté l’idée parce que le serpent prenait trop d’espace et alourdissait la scène. Il a donc disparu au profit d’un oiseau, un joli faisan doré dont les plumes forment des volutes autour de Lalita.

J’ai allégé le décor: finis la porte et les rideaux de soie. Terminé également le lotus géant sur lequel reposait la danseuse. Désormais, elle danse sur l’eau.

Danse divine | le nouveau dessin

Danse divine - dessin sur papier aquarelle

J’ai changé de papier pour commencer.

Voici le nouveau tracé sur papier aquarelle Arches. Cette fois, j’ai opté pour du papier pressé à froid plutôt qu’à chaud. D’ordinaire, le côté satiné du papier pressé à chaud me plaît davantage, mais désormais j’ai une préférence pour le grain fin et la capacité absorbante supérieure du papier pressé à froid.

Etape 1 | Le fond

Quand je débute la peinture d’une aquarelle, je commence toujours par le fond. Pour Danse divine, j’ai utilisé un mélange de jaune Sophie et vert Olive de chez Sennelier dilués dans une bonne quantité d’eau. Pour savoir comment je peins mes fonds pour qu’ils soient harmonieux, je te suggère de regarder mon tutoriel:

 

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Voilà le résultat sur Danse divine 

danse divine - fond aquarelle

Je n’utilise pas de masking fluid pour protéger certaines zones comme le personnage. Le problème du masking fluid, c’est qu’il lui arrive de déchirer le papier quand on le retire ou de laisser une micro couche qui empêche de peindre correctement une fois que la zone est libérée. Donc, je me contente de faire très attention quand je passe à proximité de zones sensibles. Je change de pinceau et je ralentis l’allure.

C’est là que le papier pressé à froid est intéressant pour moi : comme il reste humide plus longtemps, je peux ralentir et aller dans le détail sans riquer de grosses démarcations de séchage.

Etape 2 | La peau

Pour la chair de la danseuse, je suis partie sur des tons bruns, dorés et roses, que j’ai légèrement refroidis avec du bleu. Je serais incapable de te donner la composition précise de mon mélange, car j’utilise souvent des restes dans ma palette pour créer une couleur unique.

Mon conseil : teste, n’aie pas peur de mélanger les couleurs. Fais des essais sur de petits bouts de papier pour voir si le résultat est conforme à tes attentes.

Pour peindre la peau, mieux vaut prendre son temps, travailler en couche sur couche, estomper, laisser sécher, recommencer. La peau nécessite de la patience pour garder un effet naturel, des reflets et des effets de lumière.

Danse divine - peinture peau 1

Première couche, on pose la base et on peut déjà estomer un peu à l’aide d’un mouchoir ou d’un coton-tige pour déterminer où se pose la lumière.

Danse divine - ombrages de la peau

Les couches suivantes ( je dirais 3 de mémoire) servent à accentuer les couleurs, à poser les ombrages et les détails du visage.

Etape 3 | les vêtements

Je me suis un peu fait peur sur le costume de la danseuse en me lançant dans des détails et des motifs. Jusqu’ici, je travaillais assez peu les tissus – Les vêtements ne sont pas ma partie préférée. Mais depuis l’esprit du printemps, j’ai décidé de sortir un peu des sentiers battus et de détailler davantage les costumes. Ça prend du temps et j’ai bien transpiré sur les motifs ! Mais ça valait la peine, je trouve que ça donne de la vie au personnage.

Danse diviine - le costume de la danseuse

Etape 4 | Le faisan doré

Je suis plutôt fière du rendu de ce faisan doré à l’allure de phénix. Moi qui dis souvent que je n’aime pas dessiner les animaux, je me rends compte que j’en place tout de même assez souvent dans mes compositions. Il suffit de voir La Maharani, La Dryade et les aquarelles du projet 4 saisons.

Mais franchement, peindre des oiseaux c’est relou. Je suis paresseuse en vrai. Je n’aime pas passer des heures sur de minuscules détails. Genre les plumes ! Et bien là encore, je me suis éclatée sur celui-ci. J’ai passé une bonne journée sur l’oiseau entre la réflexion et la peinture.

faisan doré

Note que je travaille l’étang et les nénuphars en même temps comme ça je me change les idées.

faisan doré gros plan

Et voilàààà !

Etape 5 | l’étang et les détails

Le plus compliqué vdans cette aquarelle finalement, ça n’aura été ni la danseuse ni le faisan, mais ce satané étang ! ^^ Trouver les bonnes couleurs, pour donner du contraste, mais garder une atmosphère chaleureuse, tout ça. Retravailler les contours à l’encre blanche pour faire ressortir les fleurs et les feuillages.  J’ai passé un temps fou sur ces nénuphars, mais une fois l’ensemble terminé, quelle joie de pouvoir enlever cet affreux adhésif et révéler la peinture achevée.

Danse-divine-aquarelle-originale

Elle est plus lumineuse ici que sur les photos précédentes, heureusement. Je n’avais pas beaucoup de lumière quand j’ai photographié les étapes.

Si tu aimes Danse divine et que tu veux te la procurer, elle est disponible dans la boutique. C’est un original au format A3 (29,7 cm X 42 cm).

Marie-Gaëlle

Marie-Gaëlle

Artiste indépendante - Illustratrice

Illustratrice de L'Oracle des Gardiennes sacrées aux Editions Eyrolles.

Créatrice d'univers féeriques, féminins et délicieusement érotiques à l'aquarelle.

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2 Commentaires

  1. Adeline

    Je suis admirative de cette manière de procéder. Tu es capable de retravailler entièrement une oeuvre, de la sublimer pour qu’elle reflète exactement ton envie. J’espère arriver à ce niveau là, tu es une belle source d’inspiration. Je trouve tes deux dessins très beaux, ils ont chacun un charme à leur manière. Je préfère la seconde car le décor est plus doux et naturel mais c’est subjectif, j’aime la nature. Merci pour ce partage riche en apprentissage. A bientôt.

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    • Aemarielle

      Merci pour ton message Adeline. Je crois que plus le temps passe, plus je suis attirée par la nature également. J’ai des envies de forêts, d’étangs, de fraicheur qui imprègnent de plus en plus mon travail. J’ai envie que cet attrait ressorte dans mes peintures et ça ne me dérange pas de reprendre un sujet si ça peut lui permettre de correspondre davantage à mon idée. Je crois aussi que petit à petit, ma technique évolue, je me sens plus capable d’entreprendre certaines choses que je n’osais pas auparavant.

      Réponse

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