Comment j’ai renoncé à devenir artiste

Quand j’étais enfant, je voulais devenir artiste.

Je dessinais tout le temps, je ne pensais qu’à créer. Au collège, les cours d’arts-plastiques me passionnaient. Je ne voyais pas d’autre issue pour moi.

Et puis j’ai commencé le lycée en option arts-plastiques et j’ai détesté ça.

Du plus profond de mon cœur, j’ai rejeté les cours d’arts où on a l’impression qu’il faut fumer la moquette pour devenir un grand artiste. Les cours d’histoire de l’art ne me passionnaient pas non plus. J’avais l’impression d’entrer dans un monde qui ne me ressemblait pas. Un monde vain, réservé à une élite qui “sait” parler d’art, dont les médiocres comme moi ne feront jamais partie. Et ce n’était que le lycée. Qu’est-ce que ce serait si je poussais jusqu’aux Beaux-Arts comme je l’avais prévu au départ?

J’ai fait un tel rejet que j’ai cessé d’aller en cours. Je m’y sentais si mal que je séchais, je mentais à mes parents pour éviter d’y mettre les pieds.

J’ai redoublé ma première et quitté l’option arts-plastiques pour anglais renforcé.

Quel soulagement !

Pourquoi ne pas devenir artiste

Avec le recul, je n’étais pas prête à devenir artiste

Je ne me sentais pas en adéquation avec la mentalité du milieu, j’avais été éduquée dans un milieu très pragmatique et les concepts parfois fumeux de l’art contemporain m’échappaient complètement. Or, on ne nous parlait que d’art contemporain dans les cours d’arts-plastiques. Mes dessins ne plaisaient pas, mes idées non plus.

Je n’avais pas internet à l’époque et personne pour discuter de mes difficultés. Il n’y avait pas DeviantArt pour contredire les idées de l’éducation nationale sur l’art.

J’ai fait confiance à mes profs et ai accepté l’idée que je n’étais pas une artiste, juste quelqu’un qui dessine. Et on m’a laissée partir sans me donner de pistes pour exploiter mon dessin.

Alors j’ai oublié les rêves d’art, fini en BTS commerce international et atterri dans le monde des assurances.

18 ans de perdus ? Pas du tout

Pendant ces années, j’ai appris énormément de choses que je n’aurais pas apprises si j’avais continué dans la voie artistique. Je me suis professionnalisée, j’ai me suis familiarisée avec l’administratif, la protection sociale. J’ai reçu des milliers de clients chaque jour et appris à communiquer avec des personnes issues de tous les milieux, classes sociales et pays. J’ai économisé aussi.

Ne pas devenir artiste tout de suite m’a donné l’opportunité de retrouver mon désir pour cette voie. Avec l’essor d’internet, ce qui me paraissait inaccessible s’est retrouvé à portée de main. Aujourd’hui, on peut créer sa communauté, montrer son travail, échanger avec des artistes de tous horizons et cultiver un état d’esprit différent.

C’est grâce à internet que j’ai trouvé ma première cliente, que j’ai rassemblé une petite communauté géniale sur Patreon, que je peux discuter avec des gens incroyables et motivants tous les jours. Et qu’aujourd’hui, je suis plus que jamais déterminée à renouer avec mon rêve d’enfance.

Il n’est jamais trop tard.

Marie-Gaëlle

Marie-Gaëlle

Artiste indépendante - Illustratrice

Illustratrice de L'Oracle des Gardiennes sacrées aux Editions Eyrolles.

Créatrice d'univers féeriques, féminins et délicieusement érotiques à l'aquarelle.

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2 Commentaires

  1. Germain Huc

    Parfois, dans la vie, on a besoin d’attendre un certain moment pour être « prêt » ou « prête » à quelque chose ou à une rencontre.

    L’Art est une rencontre forte, puissante, exigeante.

    C’est beau que tu puisses retrouver son chemin naturellement.

    Tous les artistes traversent-ils la même épreuve de doute ? Je suis tenté de le croire, j’ai quelques exemples à l’esprit dans mes connaissances. Il serait très intéressant de savoir si c’est plus général.

    Pour ma part, avoir cru perdre ce rêve d’art et de création, puis avoir compris qu’il était maintenant présent et plus concrètement que jamais m’a donné une force que je n’aurais pas eue si tout avait coulé de source depuis le début. Car les épreuves et le renoncement initial ont peut-être forgé mon « désir », cette puissance en chaque artiste qui pousse à créer.

    Réponse
    • Aemarielle

      Pour en avoir discuté avec un ami artiste en proie aux mêmes doutes, mais plus immergé dans le milieu de l’art contemporain que moi, apparemment ça ne touche pas tout le monde. Pour certains, il n’y a pas de doute, ils foncent et obtiennent ce qu’ils veulent. Je suis impressionnée par ce mental, mais je n’arrive pas à m’imaginer à leur place.
      Chacun suit un chemin personnel, après tout.
      Bravo d’avoir trouvé cette force en toi, on la ressent.

      Réponse

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